Alors que plusieurs formations politiques, pour ne pas dire toutes, lorgnent du côté des jeunes pour avoir leur voix à l'occasion des législatives, les jeunes diplômés au nombre de 600 000, employés dans le cadre du pré-emploi, ont réitéré hier leur menace de boycotter les élections à travers une centaine de représentants qui ont manifesté hier à la Grande-Poste à Alger. Une centaine de représentants de quelque 600 000 jeunes diplômés, employés précaires, ont manifesté, hier, devant la Grande-Poste à Alger pour réclamer leur titularisation. Faute de quoi, ils appelleront à «un boycott massif» des élections législatives du 10 mai prochain. «Nous allons boycotter les élections législatives si le gouvernement n'accède pas aux revendications des 600 000 jeunes, universitaires pour la plupart, qui risquent de se retrouver au chômage à la fin de leurs contrats», a réitéré, hier, la coordinatrice du Comité national des contrats pré-emploi, Malika Falil, lors du rassemblement. Les dizaines de présents, qui brandissaient des banderoles sur lesquelles ont pouvait lire notamment, «Protestation, protestation, jusqu'à intégration des 600 000 esclaves», criaient : «Intégration sinon le boycottage». Comme c'était le cas, le mois dernier devant le siège du ministère du Travail, ils étaient venus, nous indique-t-on, des 48 wilayas pour crier leur ras-le-bol. Ces diplômés sont recrutés, généralement, dans des administrations publiques avec des contrats à durée déterminée, de 18 à 36 mois, pour des salaires allant de 8000 à 15 000 DA, a précisé en outre la coordinatrice du comité, Mlle Falil. Bien que le chef de l'Etat ait appelé, à partir d'Oran, les jeunes à voter massivement, rien n'est encore gagné, ni pour l'Etat ni pour ces jeunes qui ne voient pas encore le bout du tunnel. Lors d'un précédent rassemblement devant le ministère du Travail, d'où ils ont été chassés avant de se rabattre sur la maison de la presse Tahar-Djaout, ces jeunes diplômés avaient «conditionné» leur participation au scrutin du 10 mai à la satisfaction pure et simple de leur revendication (intégration). «On ne peut pas aller voter alors que nos droits sont bafoués. A quoi ça sert de voter ?3, avaient-ils alors affirmé, critiquant au passage la politique nationale de l'emploi et dénonçant les agissements du ministère du travail. Aujourd'hui, ils sollicitent encore une fois l'intervention du président de la République 3pour mettre un terme à nos souffrances3. Plusieurs rassemblements de cette frange de «chômeurs» ont également eu lieu récemment à Oran ou encore à Bouira. En Algérie, le taux de chômage chez les jeunes, qui atteignait 50% il y a dix ans, est à l'heure actuelle de 21% pour un taux général de 10%, selon le Fonds monétaire international (FMI). Mais pour certains analystes, le chiffre est bien plus élevé, car, soutiennent-ils, «les jeunes recrutés dans le cadre du préemploi sont recensés en tant que travailleurs permanents».