Malgré l'avance des rebelles dans le nord du pays, les putschistes refusent de quitter le pouvoir. C'est la réunion de la dernière chance. Plus d'une semaine après le renversement du président malien Amadou Toumani Touré par un coup d'Etat militaire, les chefs d'Etat de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) se sont réunis hier à Dakar pour tenter de sauver le pays en proie à une crise sans précédent. Alors que les putschistes s'accrochent au pouvoir tout en promettant des élections à une date ultérieure, les rebelles touaregs continuent à grignoter du terrain dans le nord. Le sommet de Dakar intervient quatre jours après celui du 29 mars à Abidjan qui avait donné aux militaires jusqu'à lundi (hier ndlr) pour un retour à l'ordre constitutionnel. Par ailleurs, face à la crainte de déstabilisation de toute la région, près de 2000 hommes ont été mis en état d'alerte. «Nous tenons à l'intégrité du territoire malien. Nous mettrons tous les moyens pour stopper cette rébellion et pour que le Mali retrouve l'intégrité de son territoire. C'est un devoir pour la sous-région», a insisté dimanche le président ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao. Malgré l'ultimatum de la Cédéao, les mutins continuent de s'accrocher au pouvoir. La junte avait jusqu'à dimanche soir pour céder le pouvoir sous peine de sanctions politiques et économiques. En vain. Les mutins ont promis dimanche le retour à un pouvoir civil et une transition vers des élections à une date non précisée. Elle a aussi pris «l'engagement solennel» de rétablir immédiatement la Constitution de février 1992, ainsi que les institutions républicaines dissoutes lors du putsch. Les capitales régionales du nord tombent les unes après les autres. Le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) a annoncé dimanche avoir pris le contrôle de Tombouctou et de sa région entière, dernière ville du nord-est du Mali encore sous contrôle gouvernemental. Dans la nuit de samedi à dimanche, Gao est tombée aux mains des rebelles touaregs et des groupes armés islamistes. Située à un millier de kilomètres au nord-est de Bamako, cette cité d'environ 90 000 habitants abritait l'état-major des forces gouvernementales pour toute la région Nord. Sa capture par les rebelles est intervenue 24 heures après la prise de Kidal, à environ 300 km plus au nord-est. Le Conseil de sécurité pourrait être saisi des «besoins» de la Cédéao Le Conseil de sécurité de l'ONU pourrait être saisi par Paris des éventuels «besoins» de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour régler la crise au Mali, a annoncé hier le ministère français des Affaires étrangères. «La France soutient les efforts de la Cédéao, qui a mandaté le président (burkinabè) Blaise Compaoré comme médiateur, et elle relaiera auprès du Conseil de sécurité, avec ses partenaires africains au sein du Conseil, les besoins de la Cédéao pour appuyer ses actions», a dit à la presse le porte-parole adjoint du ministère, Romain Nadal. «Face aux actions armées dans le nord du pays, la France appelle une nouvelle fois à l'arrêt immédiat de ces offensives pour qu'une solution politique soit trouvée et met en garde ceux qui les mènent contre les conséquences de leurs actions», a-t-il ajouté. Le chef de la diplomatie française Alain Juppé, qui se trouvait lundi à Dakar pour l'investiture du nouveau président Macky Sall, a estimé que la situation au Mali, «se dégrade très rapidement». «Nous pouvons aider sur le plan logistique ou de la formation, mais il n'est pas question de mettre des soldats français sur le sol du Mali», a-t-il dit. Alain Juppé s'est aussi inquiété de l'influence des groupes armés islamistes combattant au côté de la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) qui contrôle, depuis dimanche, tout le nord du Mali. Le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay a rappelé que c'est à l'initiative de la France que «le Conseil de sécurité des Nations unies a condamné le coup d'Etat, a demandé le rétablissement de l'ordre constitutionnel et a rappelé l'attachement de la communauté internationale à l'unité et à l'intégrité territoriale du Mali».