La crise qui secoue le Front de libération nationale (FLN) au plus haut de sa hiérarchie par l'élargissement du clan «anti-Belkhadem», secrétaire général du parti, et dont les leaders du mouvement de redressement estiment «les jours comptés» n'a pas épargné les mouhafadhas de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette dernière, fidèle à Belkhadem, n'est pas en reste. Son premier responsable, en l'occurrence le mouhafedh Saïd Lekhdari, fait face à une campagne visant simplement son éviction. Par le biais d'une déclaration, la kasma FLN de Béni Zmenzer fait appel à l'ensemble des militants sincères et jaloux de leur parti afin de procéder «impérativement» à un «changement radical au niveau de cette mouhafadha dont il ne reste que le nom». Depuis la confection de la liste électorale du FLN en prévision des législatives du 10 mai prochain, un vent de contestation s'en est suivi mais, faut-il le préciser, à aucun moment les militants à Tizi Ouzou n'ont osé dénoncer la reconduction du député Saïd Lekhdari comme tête de liste. C'est la première fois qu'une kasma casse le tabou et sort de sa réserve. «Un loser à la tête d'un parti aussi grand que le FLN à Tizi Ouzou est une insulte à l'intelligence de l'ensemble des militants de cette région», lit-on dans la déclaration signée par le chef de kasma, M. Hadj Nacer. Les rédacteurs du même document rappellent que lors d'une réunion le 21 janvier 2012, en présence de deux membres du comité central du parti, des élus et chefs de kasma, «le procédé et la manière de l'établissement des listes a été discuté à bâtons rompus». «C'était le grand tournant, explique-t-on à la kasma de Béni Zmenzer, car après un débat fructueux, il est ressorti un imbroglio de pure dictature de l'ère stalinienne». Selon des sources à Tizi Ouzou, Saïd Lekhdari, appelé à briguer un troisième mandat au sein de l'Assemblée populaire nationale (APN) en cas de victoire, «ne fait plus l'unanimité à la mouhafadha». Rappelons que l'élection du nouveau bureau de la mouhafadha en septembre de l'an dernier a connu une vive tension. Les travaux qu'a présidés Amar Tou, membre du bureau politique du FLN à l'INTHT de Tizi Ouzou, ont failli mal tourner. «Soyons responsables du devenir de notre parti et ayons le courage de choisir nous-mêmes nos représentants par le biais d'une commission neutre et représentative de par une composante regroupant des militants de différentes zones qui sauront placer des compétences populairement connues», suggère la kasma de Béni Zmenzer qui vient de déclarer sa guerre contre le mouhafedh de wilaya. Elle dénonce par ailleurs qu'«au FLN, on ne soigne jamais le mal, mais on ne fait que le calmer au nom de la discipline partisane». Ainsi, à l'approche du scrutin du 10 mai, le FLN semble aller en rangs dispersés à Tizi Ouzou, ce qui pourrait jouer contre ses chances de garder ses sièges, une situation qui profite à d'autres formations politiques.