La situation est d'une complexité sans précédent, non seulement pour la diplomatie algérienne mais aussi pour tous les cercles de décision du pays. Les sept diplomates algériens enlevés à partir du consulat algérien à Gao, au Nord du Mali, en sont aujourd'hui à leur quatrième jour de rapt perpétré par des individus non identifiés à ce jour. Jusqu'à hier et selon Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, aucune revendication n'a été enregistrée. «Nous n'avons toujours pas enregistré de revendications de l'enlèvement de nos diplomates à Gao», a soutenu le ministre dans une déclaration rapportée par l'APS, précisant que son département suit en permanence les développements de cette affaire. «La cellule de crise mise en place suit en permanence les développements de cette affaire, dont le traitement impose beaucoup de discrétion», a fait savoir Medelci en rappelant l'engagement algérien «à tout mettre en œuvre pour le rapatriement de nos compatriotes». Les sept diplomates algériens, le consul et six de ses collaborateurs, ont été enlevés, rappelle-t-on jeudi à Gao par un groupe armé non identifié et conduit vers une destination inconnue. Les familles des diplomates, pour leur part, ont été évacuées vendredi par un avion des forces aériennes vers Bordj Badji Mokhtar. Une ressortissante française qui travaille à l'Unicef et qui s'était réfugiée au Consulat d'Algérie a été évacuée sur le même vol. L'enlèvement de nos diplomates constitue un événement regrettable dénoncé par des responsables haut placés de différents pays. Il s'agit entre autres des ministres des Affaires étrangères tunisien, marocain et mauritanien, ainsi que du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. Des organismes et structures régionaux ont aussi qualifié le rapt des diplomates algériens «d'agression barbare», pour reprendre le qualificatif de l'Union du Maghreb arabe (UMA) ou encore d'un «acte grave», comme l'a souligné le président de la commission de l'Union africaine (UA), Jean Ping. Si l'UMA a émis le vœu de voir «les autorités maliennes prendre les mesures appropriées pour assurer la sécurité des personnes enlevées et garantir leur retour sains et saufs au sein de leurs familles et de leurs proches», l'UA réclame quant à elle, «la libération immédiate de toutes les personnes enlevées». Concertation des pays du Sahel à Nouakchott En attendant cette libération tant attendue, les ministres des pays du Sahel (Algérie, Niger et Mauritanie) ont prévu de se concerter aujourd'hui à Nouakchott, capitale de la Mauritanie, pour débattre de l'évolution de la situation au Mali, sans que ce pays ne soit représenté à cette réunion. Cette réunion des partenaires de la stratégie régionale mise en place par les pays du Sahel et à laquelle participe une délégation conduite par Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé de la communauté maghrébine, «examinera la situation dans la région, à la lumière notamment des développements intervenus au Mali», a indiqué le ministère algérien des Affaires étrangères. Cette concertation qui réunit des responsables de niveau ministériel sera suivie d'une autre réunion du Comité d'état-major opérationnel conjoint (Cemoc), annoncée pour les prochains jours. Cette structure qui a son siège à Tamanrasset a été créée dans le cadre de la lutte contre la nébuleuse terroriste sévissant dans la région du Sahel et dont la connexion avec d'autres réseaux de banditisme et de crime organisé n'est plus à démontrer. Nous apprenons, en outre, du commandement de la Gendarmerie nationale qu'un dispositif de sécurité draconien a été mis en place aux abords du tracé frontalier séparant l'Algérie et le Mali. Il s'agit d'un dispositif en commun réunissant différentes unités de la gendarmerie, en sus des gardes-frontières (GGF) et des soldats de l'ANP, dont le nombre est évalué à 3000 éléments.