Plusieurs témoignages, qui évoquent la présence de membres d'Aqmi, Mujao, Ansar Edine et même de Boko Haram, penchent vers la thèse d'un enlèvement par les salafistes. L'enlèvement du consul algérien et de six de ses collaborateurs à Gao n'a pas été revendiqué mais tout indique qu'ils ont été enlevés par des groupes islamistes. Les témoignages sur place évoquent la présence de plusieurs islamistes qui ont pris d'assaut la représentation algérienne, d'avoir remplacé le drapeau par le leur. Un drapeau noir avec des inscriptions en arabe. Cela d'autant plus que l'on a signalé la présence des deux principaux dirigeants d'Aqmi dans la région après la chute de Tombouctou : Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar. Le ministre algérien des Affaires étrangères a confirmé l'enlèvement mais déclare ignorer la destination où ils sont conduits. M. Medelci assurera, cependant, que “le gouvernement est totalement mobilisé pour assurer dans les plus brefs délais leur libération”. Un témoin raconte à RFI avoir vu un véhicule avec à bord plusieurs hommes. Un homme est descendu et a menacé de faire exploser le consulat avec une bombe. Par la suite, “ils ont enlevé le consul, lui ont attaché les pieds et les mains”, dit-il. Une cellule de suivi a été installée par le gouvernement algérien qui n'identifie pas les ravisseurs. Mais plusieurs témoignages, qui évoquent la présence de membres d'Aqmi, Mujao, Ansar Edine et même de Boko Haram, penchent vers la thèse d'un enlèvement par les salafistes qui ont vite chassé le MNLA (armée Azawad) notamment de Tombouctou qu'ils ont réussi à investir sans difficulté. Gao étant sous le contrôle des groupes islamistes qui ont déjà pris Tombouctou, les diplomates algériens seraient entre leurs mains. Dans sa quête de soutien international, le MNLA promet de traquer les salafistes alors qu'il s'en est accommodé pendant des années de leur présence au nord du Mali. Mieux, il s'avère que les groupes terroristes sont plus efficaces militairement en chassant le mouvement Azawad de Tombouctou qu'ils ont décrété émirat et commencé à imposer la charia comme loi. Son porte-parole a avoué avoir perdu la piste du consul et de ses six collaborateurs. Cette passivité a caractérisé le règne d'ATT qui a transformé le Mali en maillon faible du Sahel et son Nord en sanctuaire pour les jihadistes et criminels de tous bords. Le coup d'Etat contre ATT a achevé le processus de mutation d'au moins un tiers du Mali en territoire sans contrôle. Les mises en garde n'ont pas eu d'effet ni à Bamako encore moins au Nord où divers trafiquants et salafistes se partagent le territoire. Le résultat en est là avec le désordre, les pillages, les otages et une guerre civile devant les portes. Certaines analyses voient en l'occupation du consulat et l'enlèvement des diplomates un message destiné pour Alger et un moyen de pression l'invitant à ne pas soutenir Bamako mais aussi et surtout pour arrêter sa coopération régionale et internationale dans la lutte contre le terrorisme, l'Algérie étant considérée comme le partenaire-clé dans la région. Vu les développements et le risque de dérapage, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a réagi en appelant à une réunion des pays du champ (désormais à trois : Algérie, Niger et Mauritanie) demain dimanche à Nouakchott pour examiner la situation dans la région “à la lumière notamment des développements intervenus au Mali”. De son côté, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a annoncé la réunion de Nouakchott avec le Cemoc (Comité d'Etat major opérationnel conjoint des pays du champ) qui pourrait évidemment entrer en action dans le cas d'une prise de décision commune pour un recours à une force armée. D B.