Le ministre de l'Agriculture Rachid Benaïssa a écarté le recours à l'importation pour la pomme de terre car, selon lui, cela ne va pas casser les prix. «Au contraire, elle portera atteinte à cette filière agricole», a-t-il estimé hier. Ainsi, pour juguler l'inflation des prix liée aux intempéries du mois de février, des acteurs de la filière ont demandé des autorisations afin d'importer le tubercule, sujet d'une augmentation qui ronge le budget des ménages algériens. Ceci dans le but de casser les prix mais, l'analyse de ses demandes a révélé que le prix de revient de la pomme de terre serait alors de 70 à 75 DA, alors qu'actuellement son coût de vente est de 54 DA. Lors d'une réunion d'évaluation trimestrielle des contrats de performances du renouveau agricole et rural, le ministre de l'Agriculture a souligné que «ce tarif n'est pas compétitif pour casser les prix sur le marché. De surcroît, la pomme de terre importée est d'une qualité moindre du fait qu'elle est stockée depuis six mois». Aussi, il a précisé que «l'importation d'un produit disponible allait porter atteinte à toute la filière». Le ministre a appelé les acteurs de la filière à se professionnaliser dans le cadre du Syrpalac (système de régulation des produits agricoles de large consommation), tout en soulignant que «chacun de ces maillons peut tirer profit en produisant plus et en appliquant des prix accessibles au consommateur». Selon ses déclarations, «il n'y a pas de crise de pomme de terre comme le pensent certains» Chiffres à l'appui, il a donné des arguments pour défendre sa thèse, alors que les prix du kilogramme de pomme de terre fraîche oscillent, depuis mars dernier, entre 80 et 100 DA sur le marché. Il a souligné que la production d'arrière saison et de primeur en cette période a atteint le seuil de 16,42 millions de quintaux contre 14 millions durant la même période, l'année précédente. Il a loué l'organisme du Syrpalac qui aurait permis une augmentation de la production, passant de 20 millions de quintaux en 2009 à 30 millions en 2011. Ses prévisions concernant l'année 2012 seraient similaires à l'année 2011, le facteur environnemental étant pris en compte. Suite aux intempéries, un retard a empêché la récolte, selon lui. Selon les directeurs des services agricoles des trois wilayas productrices du tubercule, à savoir Mostaganem, Aïn Defla et El Oued, une baisse des prix est envisagée dans les semaines à venir. A titre d'exemple, la wilaya de Mostaganem, qui produit 8% de la récolte nationale, a été touchée par le gel qui a retardé la production de 15 jours, selon le DSA, Abdelkader Mouissi. Mais, selon ses estimations, sur «les 8000 ha plantés, nous avons arraché 180 ha du 22 mars à ce jour et l'opération se poursuit pour atteindre le pic fin avril, début mai», ajoute le responsable de Mostaganem. Pour la wilaya d'El Oued, qui produit 40% de la récolte nationale, des quantités importantes seront mises sur le marché d'ici à fin avril, selon les services agricoles de cette wilaya. Pour étayer leurs données, les mêmes services affirment que la superficie réservée à la production de pomme de terre de saison dans cette wilaya du Sud est estimée à plus de 12 000 ha en 2012, en hausse de 80% par rapport à la saison dernière. La baisse du prix de la pomme de terre ne serait qu'une question de temps, selon les différents services concernés.