Face à la détermination et à la mobilisation des citoyens, le gouvernement tunisien a levé, hier, l'interdiction de manifester sur l'avenue Bourguiba. L'annonce a été faite par le ministre tunisien de l'Intérieur Ali Larayedh, suite aux violences policières à l'encontre des manifestants pacifiques sortis lundi dernier exprimer leur désespoir. La répression de cette manifestation a suscité l'indignation au sein de la société civile comme de la classe politique. Ce jour-là, des journalistes tunisiens et étrangers, ainsi que des parlementaires ont été tabassés et arrêtés. L'emblématique avenue Bourguiba, se trouvant au coeur de Tunis, symbole de la révolte populaire, a été interdite aux manifestations depuis mars dernier suite à des incidents lors d'une altercation entre des militants islamistes et des artistes. Lundi, des centaines de milliers de manifestants ont investi l'avenue. Mais face à l'intervention «agressive» des policiers et des hommes en civil, les manifestants n'ont pas marché. De nombreux partis politiques ont réclamé une enquête sur «les abus et exige l'identification des civils douteux qui ont participé à la répression des manifestants». La situation a failli dégénérer et prendre une ampleur plus grave. Dans plusieurs villes du pays, comme à Sfax, Kasserine ou encore Sidi Bouzid, des manifestants sont descendus dans la rue en soutien aux «manifestants de l'avenue Bourguiba». À Monastir, un local d'Ennahda a été incendié. Le ministre de l'Intérieur Ali Laarayed a été «convoqué» pour s'expliquer aujourd'hui devant l'Assemblée constituante. En attendant, le ministre tunisien de l'Intérieur a demandé également à toute personne en possession de photos de les remettre à son ministère afin d'identifier les personnes en civil coupables de violences. «L'avenue est ouverte à tous les Tunisiens, ceux qui veulent manifester, se promener ou travailler», a déclaré M. Larayedh, hier, à l'issue d'un conseil des ministres qui a également décidé la création d'une commission d'enquête sur les incidents du 9 avril.