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«Il est inconcevable de parler de fraude aux législatives»
Seddik Chihab, membre du conseil national du RND :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 13 - 04 - 2012

Seddik Chihab, membre du conseil national du Rassemblement national démocratique (RND), estime qu'il est «inconcevable» de parler de fraude trois décennies après le pluralisme politique en Algérie.
Il a qualifié lors de l'émission «Sans parti pris», diffusée sur Dzaïr Web TV ce débat de «polémique stérile». Pour lui, ce débat est brandi par les partis politiques qui tentent de dissimuler leurs échecs multiples. «Je pense que c'est un slogan brandi par des gens qui n'ont ni ancrage social ni pensée historique et politique. Ils veulent saisir le débat sur la fraude pour justifier leurs échecs passés et même futurs», a-t-il dit.
«C'est un débat qui arrange certains. Comment osent-ils le faire 15 ans après le pluralisme politique ? C'est inconcevable», a-t-il ajouté. Pour lui, c'est une attitude régressive pour un pays en quête de démocratie. «Comment voulez-vous qu'un Etat avance si toute la classe politique passe son temps à essayer de se prouver à elle-même qu'elle est honnête ? s'est-il interrogé.
M. Seddik a farouchement défendu le RND contre cette réputation de «parti fraudeur» qui lui a été collée depuis les élections de 1997 où il a obtenu la majorité au Parlement. «Nous n'acceptons pas cette accusation car elle est infondée», a-t-il dit. «Le RND n'était pas en mesure de frauder. Il faut donc pointer du doigt d'autres forces et dire qu'elles ont fraudé pour lui», a-t-il ajouté, estimant que les déclarations du porte- parole du RND Miloud Chorfi, qui avait affirmé devant la presse que «la fraude a sauvé l'Algérie» «a dépassé ses pensées».
L'ancien sénateur puis député a réfuté les accusations sur l'implication de son parti dans la non-divulgation du contenu du rapport parlementaire sur la fraude. «C'est du marketing», a-t-il dit. «Nous avons demandé la publication de ce rapport et nous ignorons quelles sont les raisons de le garder secret étant donné que sa publication allait innocenter le RND de toutes ces accusations». Il a affirmé que son parti a été «minoritaire» dans la commission d'enquête qui a été présidée par
«les partis qui ont crié au complot». «Ce rapport n'a pas été remis au président de l'APN et a fait couler beaucoup d'encre. Le président et le rapporteur ont disparu dans la nature. Aucune force politique ne l'a réclamé et l'administration ne l'a pas exigé», dira-t-il, estimant que «c'est une période qui reste floue, mais c'est aussi une réputation qu'on veut coller à un parti nationaliste». M. Seddik rappelle que le RND a été créé dans «une conjoncture politique difficile»,
l'idée qu'il est né dans trois mois, exploitée «volontairement ou involontairement» par certains parties «est fausse» car il y avait une forte volonté chez toutes les forces vivantes à l'époque de se rassembler autour du RND pour combattre l'extrémisme. Il dira que «le RND est intellectuellement honnête». Il est constitué de «cadres et de gens avérés qui ont fait leurs preuves de leur attachement à ce pays.
Ce sont des nationalistes et des patriotes qui ont refusé d'abdiquer devant le terrorisme en se constituant en force». Il rappelle, dans ce même contexte, que le RND était «un impératif politique» et «un rempart solide» au moment où «aucune force ne pouvait faire face à la déferlante terroriste».
«On était seuls sur ce terrain au moment où même le FLN était laminé et n'était pas en mesure de faire face à cette menace». Pour lui, le retrait du RND de la scène politique est carrément exclu car «il est resté une force politique existante qui vit par la conviction de ses militants. Nous sommes présents et ancrés et nous pensons pouvoir continuer notre politique de redressement national», a-t-il affirmé.
«Le député ne touche pas 30 millions»
Sans trop donner de solutions concrètes aux préoccupations des Algériens, notamment en matière d'accès au logement, à l'emploi et à l'amélioration du pouvoir d'achat inscrits dans le programme de campagne du RND, M. Seddik a tenu à «corriger» certaines «fausses rumeurs».
Cela concerne la question très polémiquée du salaire du député. «Les députés ne touchent pas 33 millions de centimes. Ils ne touchent pas 30 millions de centimes. Ils ont un salaire de base de 24 millions de centimes en plus de trois ou quatre millions de centimes de prime» a-t-il indiqué, soulignant qu'«ils sont les moins payés du continent africain». Il a estimé que ces rumeurs sont diffusées par des gens qui «veulent braquer tous les projecteurs sur les députés et veulent discréditer tout ce qui a rapport avec la volonté populaire».
«Ceux-là ne dénoncent pas les autres secteurs où d'autres cadres sont beaucoup plus payés», a-t-il dit. Il défend la rémunération accordée au député par l'importance des projets de lois discutés et amendés, mais estime que «le législatif ne peut pas faire opposition à l'exécutif» dans le contexte actuel. Il a avoué, cependant, que le problème des salaires des algériens et de leur pouvoir d'achat est réellement posé.
A propos de la préparation des législatives du 10 mai prochain, le coordinateur du RND dans la wilaya d'Alger a nié l'existence de toute contestation ou mécontentement suite à l'opération de confection des listes électorales. «C'est dans la presse uniquement», a-t-il avancé. Il estime avoir été mis en tête de liste à Alger en «sa qualité de cadre au RND» et qu'il avait un passé reluisant «comme militant connu sur la scène nationale qui a donné l'exemple dans des sacrifices pour ce pays».
M. Chihab n'a pas été tendre avec les islamistes, estimant qu'ils vont occasionner un retard dans le développement s'ils accèdent au pouvoir. «Ils n'ont pas un véritable projet économique, ils encouragent l'économie de bazar, ils se sont spécialisés dans l'import-import…
Tout le monde le sait», a-t-il argumenté. Il a critiqué la situation du marché national marqué par une «bazardisation» à tort et à travers, traduisant un échec en matière «de régularisation, d'absence de réponse aux préoccupations des citoyens, de contrôle et d'approvisionnement». Pour lui, l'utilisation de la religion pour atteindre le pouvoir est intolérable car «ils n'ont pas le droit de faire de la religion un patrimoine exclusif».


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