S'il considère que le taux de participation (42,36 %), qui est au demeurant plus élevé que celui réalisé en 2007, démontre le degré de patriotisme du peuple algérien «qui a répondu à l'appel du chef de l'Etat», le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Daho Ould Kablia a qualifié le raz de marée enregistré par le FLN de «vote refuge». «Le scrutin démontre à quel point le peuple algérien tient aux valeurs de la paix en répondant à l'appel lancé par le chef de l'Etat dans son dernier discours de Sétif», a affirmé le ministre lors de la conférence de presse tenue hier à l'hôtel El Aurassi à Alger, estimant que «le peuple a relevé le défi» en s'exprimant en toute liberté. Les résultats du scrutin qui consacrent le FLN quasi majoritaire avec 220 sièges, et le résultat respectable du RND (68 sièges) ne sont pour Ould Kablia que le résultat d'un «vote refuge». Dans les années 90, les citoyens ont voté contre le FLN par «sanction, maintenant ils votent pour ce parti par refuge», répond-il à une question à ce propos, refusant toutefois de commenter davantage ce choix. Le ministre de l'Intérieur qui reconnaît quelques irrégularités qui ont entaché l'opération de vote estime toutefois qu'il n'est pas question de parler de fraude. A ceux qui crient à la fraude massive (les partis de l'Alliance verte ou la commission de surveillance des élections), le ministre conseille de suivre la voie légale. «Tout un chacun est responsable de ses dires, il y a la voie du recours», souligne Ould Kablia qui relèvera dans le même contexte la présence des observateurs étrangers, «un gage de transparence», ainsi que la surveillance du scrutin par les 188 000 représentants des partis. «Il y a eu ici et là quelques incidents, des violences verbales, mais cela n'influe nullement sur le résultat du scrutin, et le mérite revient à tous ceux qui ont veillé au bon déroulement du scrutin», précise-t-il. Un scrutin qu'il qualifie de «spécial» dans la mesure où «il consacrera davantage l'unité nationale». Pour le ministre, l'abstention «était attendue», et selon lui, ce phénomène ne concerne pas uniquement l'Algérie. Quant au taux d'abstention plus conséquent au nord du pays qu'au sud, il est dû, selon le ministre, à la liberté dont jouissent les populations de ces régions et à leur sens du patriotisme, alors que dans le nord, on a surtout profité d'une journée ensoleillée pour aller à la plage». Le ministre a, par ailleurs, démenti avoir refusé aux observateurs étrangers l'accès au fichier électoral, estimant que ces derniers voulaient plus, c'est-à-dire jusqu'aux informations les plus confidentielles, ce qui ne se fait pas ailleurs, fait-il remarquer. Pour Ould Kablia donc, les résultats du scrutin qui restent à être avalisés par le Conseil constitutionnel reflètent réellement le choix du peuple qui a voté en toute liberté et dans un climat serein, et ne reflètent que l'orientation du peuple qui aspire à la paix et à la stabilité. Le changement de génération n'est-il donc pas pour demain ? «Nous sommes au service de la nation», dira le ministre ironiquement. «Je suis prêt à démissionner maintenant», ajoute-t-il, espérant que le prochain parlement assumera la mission qui lui est confiée.