«Soyons sincères, on a perdu contre Bouteflika !» Le propos est du secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès, qui était, au soir d'avant-hier, l'invité de la chaîne de télévision tunisienne Nessma aux côtés de Seddik Chibab, candidat tête de liste RND à Alger, aux législatives du 10 mai dernier, et de la sénatrice Zahia Benarous, militante du même parti. Le débat portait exclusivement sur le scrutin de jeudi passé pour le renouvellement de la composante de l'APN et les résultats du vote annoncés quelques heures auparavant par le ministre de l'Intérieur Daho Ould Kablia. La participation, une première, aux élections pour le MPA ayant reçu son agrément dans le sillage de l'ouverture du champ politique édicté par les réformes initiées par le chef de l'Etat, s'est traduit par une entrée du MPA à l'Assemblée nationale où il sera représenté avec six députés. A ce propos, Benyounès se dit satisfait de ce score obtenu d'autant plus, a t-il argué, que son parti n'a eu droit qu'à un délai très court, ne dépassant pas les trois mois pour préparer les législatives. Cependant, il se réjouit de la victoire du courant nationaliste et démocratique aux dernières élections ayant barré la route aux «islamistes radicaux», et a aussi soutenu que, n'était le dernier discours du chef de l'Etat prononcé à Sétif et dans lequel le président a boosté le FLN, sa formation aurait pu arracher plus de sièges à la future Assemblée. De Sétif, Bouteflika avait clairement indiqué que son appartenance politique était «connue de tous et quelle ne fait l'objet du moindre quiproquo», ce qui a largement profité au FLN, dont le président est le chef de l'Etat et président d'honneur, ont convenu à dire les invités de la chaîne Nessma. «S'il est vrai qu'il y a une formation politique qui a tiré profit de cette déclaration, je ne suis pas si sûr que c'est exactement l'objectif recherché par le président», a soutenu Seddik Chihab, du RND, qui a obtenu 68 sièges à l'APN, loin derrière le raz-de-marrée du FLN qui s'est taillé la part du lion avec 220 sièges. M. Benyounès a tenu toutefois à préciser que ce qui importe le plus ce n'est pas le nombre de sièges obtenus par le MPA mais plutôt le fait que les militants structurés au sein de cette formation «ont gagné un parti politique qui existe bel et bien conformément aux lois de la République». 11 millions de non votants, c'est inquiétant ! D'autre part, en s'exprimant sur les résultats des législatives, la sénatrice Zahia Benarous, du tiers présidentiel, a soutenu que ce qui l'inquiète le plus ce sont plutôt les 11 millions d'Algériens qui se sont abstenus, jeudi dernier, de se rendre aux urnes. Elle considère que le camp des abstentionnistes reste élevé et que ces derniers devront, à l'avenir, constituer un centre d'intérêt des différents partis de la classe politique qui auront pour mission de les convaincre de l'utilité de prendre part aux futures échéances électorales. «La démocratie ne peut se peut se pratiquer en dehors des élections», a-t-elle affirmé, appelant à la réhabilitation de l'action politique et de celui qui l'exerce auprès de l'opinion algérienne. «Il me tient tant à cœur de voir relancer la confrontation entre partis politiques, notamment sur la base de programmes et de projets de société», a encore ajouté l'hôte de Nessma TV, insistant que «l'Algérie est pour tous les Algériens y compris les représentants de la mouvance islamiste». A une question sur la réhabilitation de l'exercice de la politique, le secrétaire général du MPA répondra que la politique ne doit être exercée que dans le cadre des partis, ajoutant que le concept de «candidat indépendant» n'existe qu'en Algérie et nulle part ailleurs de par le monde. «Si ce concept de candidat indépendant est aussi valable, alors sommes-nous hommes politiques activant au sein des partis des colonisés», s'est interrogé d'un ton ironique le secrétaire général du MPA.