Louiza Hanoune, chef de file du Parti des travailleurs, n'a pas digéré les résultats officiels des législatives. Elle est convaincue que c'est une fraude massive, voire un «coup de force» opéré pour pousser au-devant de la scène politique le FLN, «au moment où ce parti agonisait». Dans une conférence de presse organisée, hier, au siège de son parti, Mme Hanoune n'a pas caché sa colère vis-à-vis de toute l'administration qui n'a pas respecté les engagements du premier chef de l'Etat. «Nous sommes habitués aux fraudes, mais 220 sièges pour le Front de libération nationale (FLN), c'est énorme», déclare-t-elle avant d'ajouter : «Même quand ce parti était en bonne santé, il n'a pas eu ce nombre de sièges. Alors comment il a pu les remporter au moment où la crise l'a brutalement secoué et divisé.» Pour Louiza Hanoune, c'est «de la vraie provocation». «Ces résultats sont une vraie provocation contre le PT et toute la population algérienne qui espérait un changement radical et la rupture franche avec le système du parti unique.» Elle a estimé que ce score était irréel. «Tout comme le sont les 20 sièges dont a été crédité le PT», a-t-elle tonné. L'administration, selon elle, n'a pas été neutre : «Elle a violé la loi électorale et le dispositif de surveillance et de supervision des élections.» La fraude était, toutefois, prévisible, a-t-elle dit, car «partie intégrante du système de parti unique». D'ailleurs, Louiza Hanoune s'était, à la veille du scrutin, opposée aux espaces réservés exclusivement au vote des militaires et des agents des services de sécurité. Aujourd'hui, elle est plus que convaincue que les militaires ont reçu une orientation pour voter FLN et un degré moindre RND. Elle met en doute également le taux de participation, qui a augmenté en un temps record. «Comment peut-on expliquer que le taux de participation dans une wilaya passe de 4 à 20% en moins d'une heure», s'est-elle encore interrogée. Le PT a affirmé que ceux qui ont osé trafiquer massivement les élections faisant fi de l'environnement international et régional dangereux, mettent en péril la nation. «Ils veulent donner des prétextes pour provoquer le printemps arabe», a-t-elle prévenu, en ajoutant qu'il y a des enjeux énormes, particulièrement quand on note que les observateurs de l'Union européenne ont exprimé leur satisfaction. Cette «dérive» aura, cependant, des incidences sur la situation politico-économique du pays. Les travailleurs seront également menacés car ces résultats font mauvais présage, a-t-elle encore prévenu. «Il donne des gages aux privés mafieux et il y aura des répercussions sur le code du travail», a-t-elle précisé. De son avis, les observateurs internationaux ont joué le jeu car ils ont reçu des gages et ils détiennent ainsi la carte du chantage. Le bureau politique du PT se réunira dans deux jours afin de prendre la décision adéquate. Pour le moment, le parti a introduit plusieurs recours au niveau du Conseil constitutionnel, afin de «se réapproprier leurs sièges», a-t-elle dit, ajoutant que les militants du Parti des travailleurs sont les plus pénalisés et non pas ceux de l'Alliance de l'Algérie verte, comme cela a été rapporté par les médias. Pour terminer, elle appelle tous les Algériens à constituer des comités populaires pour débattre de leurs revendications et immuniser la nation contre toute dérive. Ces comités débattront de la nature du régime à mettre en place dans la prochaine Constitution, un régime capable d'opérer la rupture avec le système du parti unique.