Des partis politiques, contestataires des résultats des élections législatives du 10 mai dernier, s'organisent. Lors d'une réunion tenue mercredi au siège du Front national algérien (FNA) à Alger, plusieurs formations politiques, à savoir le FNA, El Fadjr El Djadid (PFJ), le Mouvement des citoyens libres (MCL), le Front du changement (FC), le Front de la justice et du développement (FJD), le Front de l'Algérie nouvelle (FAN), le mouvement El Infiteh, Djil Djadid et le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), ont décidé d'accorder leurs violons et d'aller en rang unifié pour constituer «un front contre la fraude» afin de dénoncer ce qu'ils ont appelé «mascarade électorale». Après plusieurs heures de débat, les représentants de ces partis ont mis en place une commission pour préparer «une plateforme politique sur les actions à entreprendre» pour atteindre leurs objectifs. Ils ont lancé un appel aux autres partis politiques à se joindre à cette action. Une autre réunion des chefs de parti aura lieu lundi pour approuver le plan d'action commun. «Nous attendons les autres partis, comme l'Alliance de l'Algérie verte et le Parti des travailleurs, à se joindre à nous dans cette démarche», dira Djamel Benabdessalem, président du Front de l'Algérie nouvelle (FAN), l'un des premiers partis à avoir dénoncé les résultats des législatives. Les présents à cette réunion sont unanimes : «Nous ne reconnaissons pas la nouvelle Assemblée et nous rejetons catégoriquement les résultats annoncés par les institutions habilitées.» Les neuf partis constituant ce front veulent demander «l'annulation des résultats des législatives et la préparation de nouvelles élections honnêtes et transparentes dans quelques mois», affirme Djamel Benabdessalem. Pour cela, le front compte utiliser «les moyens pacifiques, politiques, juridiques ainsi que médiatiques pour éclairer l'opinion publique sur ce qui s'est réellement passé lors des législatives». «Nous allons diffuser des communiqués, organiser des rassemblements populaires, et des actions de proximité afin de dire les vérités sur ces élections.» Le Front contre la fraude ne privilégie pas la saisine des instances juridiques mise en place lors des élections. «Le Conseil constitutionnel, le ministère de l'Intérieur, la justice ainsi que les autres commissions chargées de la supervision des élections sont impliqués jusqu'au cou dans la fraude que nous sommes en train de dénoncer», dira-t-il. «Le régime en place les a exploités pour frauder, c'est pour cela qu'elles ont perdu leur crédibilité à notre sens», a-t-il ajouté. Néanmoins, le Front laisse la possibilité des recours administratifs et juridiques aux commissions de wilayas qui «peuvent exploiter ces moyens même si le résultat est connu d'avance». Les chefs de parti devront examiner, aujourd'hui, la cruciale question relative à la position des formations politiques ayant obtenu des sièges au niveau du Parlement. «Les partis qui ont rejoint notre initiative ne doivent pas assister aux séances de l'APN au risque de se contredire avec leurs dires», dira M. Benabdessalem. «Nous sommes en train de travailler pour empêcher cette nouvelle assemblée d'exister car elle n'est pas représentative. C'est une assemblée issue de la fraude. Elle est morte politiquement, juridiquement et éthiquement.» Le nombre des députés que rassemble ce front dépendra du nombre de partis qui approuveront la plateforme d'action. «Nous pouvons aller jusqu'à 150 députés qui boycotteront l'assemblée», a-t-il dit. Moussa Touati affirme que la réunion d'aujourd'hui est importante dans la mesure où elle décidera de la position immédiate que doit entreprendre le front. «Les partis voulaient donner du temps pour connaître la réponse du Conseil constitutionnel aux recours formulés mais ils savent qu'il n'est pas habilité à annuler les résultats comme ils le souhaitent, alors ils se prononceront aujourd'hui», dira-t-il.