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Benkirane à Madrid dans une offensive diplomatique marocaine contre Christopher Ross Après les visites de son ministre des AE à Paris, Washington et New York
Le Maroc a engagé, depuis la semaine dernière, une vaste offensive diplomatique contre Christopher Ross, le représentant de l´ONU pour le Sahara occidental, dont le ministre des Affaires étrangères, Saaddine el Othmani, du gouvernement islamiste de Abdallah Benkirane, est allé demander la tête à New York, à Washington, puis à Paris pendant que Nicolas Sarkozy était encore à l´Elysée. Hier, ce fut au tour du Premier ministre marocain lui-même de se déplacer à Madrid pour expliquer au roi Juan Carlos, puis au Président Mariano Rajoy et, enfin, au président du Sénat Pío García Escudero, pourquoi Mohamed VI veut le départ du représentant personnel de M.Ban Ki-moon. Les autorités espagnoles se sont limitées à écouter poliment les arguments du Chef du gouvernement islamiste marocain. Une visite dans la précipitation A Madrid, on ne cachait pas un certain malaise provoqué par cette visite intervenue «au dernier moment», et comme tiennent à le souligner des «sources diplomatiques», à l´insistance du royaume alaouite. Rabat semble engager une véritable course contre la montre pour faire remplacer M. Ross par un diplomate européen, autrement plus acquis à son plan d´autonomie sur le Sahara occidental, comme le fut le Hollandais Peter van Waltsum, récusé par le Front Polisario en 2009 pour avoir qualifié l´option d´indépendance du Sahara occidental de «pas réaliste». Le Maroc exige, à son tour, la destitution de l´envoyé de l´ONU, car les autorités marocaines n´ont, en fait, jamais fait confiance au diplomate américain qui a été en poste à Alger dans les années 80 et qui connaît donc parfaitement le dossier sahraoui. Jeudi, le ministre marocain de la Communication, Mustapha Khalfi, avait justifié le «retrait de confiance» du royaume alaouite à Christopher Ross, par «sa partialité et l´absence de progrès» dans sa mission de médiation. Plus concrètement, Rabat ne s´est jamais accommodé du soutien ferme de M. Ross «au droit du peuple sahraoui à l´autodétermination», occulté par son prédécesseur, et à la différence de ce dernier sans jamais avoir pris en considération le plan d´autonomie marocain. Ban Ki-moon : «Je fais confiance à Christopher Ross !» La réponse du SG de l´ONU aux pressions du Maroc qui siège pour deux au Conseil de sécurité de l´Onu n´a pas tardé. Le porte-parole onusien, Martin Nesirky, a aussitôt après la visite d´El Othmani fait paraître le communiqué suivant : «M.Ban Ki-moon a pleinement confiance en M.Christopher Ross». Dans une déclaration hier au journal espagnol El Mundo, Hassana Douihi, représentant du collectif des prisonniers sahraouis à El Ayoune, voit dans l´offensive marocaine d´abord une tentative de bloquer le déplacement que M.Ross prévoit d´effectuer au Sahara occidental pour entrer en contact directement avec la population sahraouie, s´informer de son attachement à son droit à l´autodétermination et obtenir ensuite le départ de l´envoyé de l´Onu. Le roi Mohamed VI n´aurait pas pardonné à M. Ross d´avoir signalé dans son rapport d´avril dernier à M.Ban Ki-moon, les obstacles dressés devant la mission de la Minurso à Al Ayoune, dont les membres étaient «espionnés» par la police marocaine. Jean Marc Ayrault : «Le Maroc occupe le Sahara» La diplomatie marocaine est mise dans les cordes, dans une conjoncture politique en Europe qui tend à leur être nettement défavorable. En 2011, le Parlement européen avait mis son veto sur l´accord de pêche UE-Maroc pour avoir été élargi au territoire sahraoui qui n´est pas sous sa souveraineté du point de vue de l´ONU. Survient ensuite en décembre dernier l´événement politique le plus redouté par Rabat : l´arrivée au pouvoir du Parti Populaire (PP). Comme l´avait promis le leader du PP, Mariano Rajoy, l´Espagne, voix écoutée aux Nations unies pour être l´ancienne puissance coloniale au Sahara, est revenue aussitôt à sa position traditionnelle de soutien à l´autodétermination du peuple sahraoui, abandonné depuis 2004 par le gouvernement socialiste de Zapatero. Un vent de panique s´est ensuite emparé du royaume alaouite avec l´arrivée de François Hollande au pouvoir. Les socialistes français, c´est connu, sont plus sensibles au drame du peuple sahraoui que leurs collègues espagnols, dont un grand nombre fait partie du lobby pro-marocain. Jeudi, le journal El Pais rappelait dans un article que le nouveau Premier ministre français, Jean Marc Ayrault a, dans le passé, qualifié d´«occupation» la présence du Maroc au Sahara occidental. Sarkozy et Carla Bruni hôtes de Mohammed VI à Marrakech Une position qui, si elle venait à être confirmée par la nouvelle diplomatie française, priverait le Maroc du soutien inconditionnel que la France lui a apporté sous Chirac et Sarkozy, deux dirigeants qui ont des liens privilégiés avec la famille royale marocaine. Ce même journal fait observer dans son édition d'hier, qu'«aussitôt après avoir quitté l´Elysée et passé une nuit dans l´appartement de Carla Bruni dans le XVIe à Paris, Nicolas Sarkozy et son épouse sont partis pour deux semaines de vacances à Marrakech où le roi Mohammed VI les a logés au palais de Jenane Kébi, là où comme à la Mamounia, Jacques et Bernadette Chirac sont les invités d´honneur de la monarchie alaouite à longueur de l´année. Des endroits où ni Hollande, ni Rajoy n´ont jamais mis les pieds.