Malgré le réel danger qu'ils encourent, les greffiers affiliés au SNAPAP, en grève de la faim pour leur quinzième jour, sont déterminés à poursuivre leur mouvement de contestation jusqu'à satisfaction de leurs revendications. Le comité de soutien pour les travailleurs en grève de la faim affilié à ce syndicat a observé hier une journée de contestation à la place Emir-Abdelkader, à Alger. Le comité qui regroupe plusieurs syndicats de différents secteurs et qui s'est constitué au lendemain du lancement de la grève de la faim a réussi à organiser son sit-in malgré les forces de l'ordre déployées sur les lieux. Par mesure de sécurité, les contestataires n'ont rendu public le lieu qu'en début de matinée, une mesure prise après que celui de jeudi dernier ait été empêché. Selon Mme Fatouma Hirech, membre du comité, les mouvements de protestation se poursuivront jusqu'à ce que «justice soit faite à l'égard des greffiers et autres travailleurs du secteur de la justice arbitrairement licenciés ou sévèrement sanctionnés». Elle a dénoncé, par la même occasion, le refus catégorique de la tutelle à toute négociation et dialogue «qui peut dénouer cette situation de crise qui perdure depuis le 10 avril denier». Selon elle, le ministère de la Justice «se mure dans le silence et adopte la politique de la fuite en avant». Dans un communiqué rendu public, le SNAPAP précise que l'état de santé des grévistes se détériore de plus en plus. Ils souffrent d'une «incapacité physique, d'où leur évacuation quotidienne vers les services hospitaliers de Rouiba», précise le document. Ce syndicat appelle les responsables du secteur de la justice «à assumer leurs responsabilités face à d'éventuelles conséquences fâcheuses». Il lance également un appel aux associations féminines afin «de soutenir et d'aider les femmes victimes de toutes formes de violence». Les grévistes de la faim étaient au nombre de sept en premier lieu, puis réduit à 5 personnes en raison de la dégradation de la santé de deux greffières souffrant de maladies chroniques et nécessitant une prise quotidienne de traitement. Il reste donc quatre femmes et un homme, Mourad Ghaddia, président de la Fédération nationale des travailleurs de la justice et premier à avoir initié le mouvement de grève. Père de cinq enfants, il ne compte pas abandonner la bataille. En dépit de sa robustesse, nous n'avons pas pu l'interviewer hier. Les deux syndicalistes qui les assistent nous ont expliqué que les cinq grévistes sont malades et encourent de graves conséquences pour leur santé. Ils comptent, à travers leur action syndicale, tirer la sonnette d'alarme sur les «dépassements» enregistrés au niveau de l'instance judiciaire. Le SNAPAP dénonce les agissements «tendancieux» et les «supercheries» du pouvoir qui «ne cesse de clamer haut et fort les réformes du système judiciaire, et au même moment réprime toutes les actions de protestation pacifiques et légales». La grève de la faim a été le dernier recours des greffiers, qui ne demandaient que leur droit à l'exercice syndical.