Les 7 membres du bureau fédéral de la justice entament leur 8e jour de grève de la faim illimitée à la maison des syndicats de Dar El Beida à Alger. Ils interpellent à travers ce mouvement de contestation le ministère de la justice qui se «mure dans le silence total face aux pratiques hostiles du pouvoir pour réprimer le mouvement de grève lancé depuis le 10 avril 2012». Malgré la détérioration de leur santé, particulièrement les femmes qui en font partie, les grévistes sont déterminés à aller au bout de leurs revendications. Les sept greffiers dont cinq femmes sont alités dans une petite pièce de la maison des syndicats. Selon Mme Yamina Maghraoui, membre du comité de soutien et de suivi des membres du bureau fédéral des travailleurs de la justice en grève de la faim, «leur état de santé se détériore de plus en plus. Nous les avons même transférés à plusieurs reprises à l'hôpital de Rouiba, mais ils maintiennent leur mouvement et refusent d'abandonner la lutte». Elle a ajouté : «Cela n'a interpellé ni leur tutelle ni les pouvoirs publics. Ils sont complètement abandonnés à leur sort». Rencontrée au bureau du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), Mme Maghraoui a rappelé que son comité de soutien a été créé au lendemain du lancement de ce mouvement de contestation afin de les aider à maintenir le cap. Le Snapap met à cet effet les pouvoirs publics devant leurs responsabilités quant à la dégradation de la santé des syndicalistes, notamment Aberkane Leila, qui observe cette grève depuis sept jours consécutifs, d'où son évacuation à plusieurs reprises à l'hôpital de Rouiba. A bout de forces, M. Mourad Ghadia, président de la fédération des travailleurs de la justice affiliée au Snapap, a continué à dénoncer hier les agissements «tendancieux» et les «supercheries» du pouvoir qui «ne cesse de clamer haut et fort des réformes, et au même moment réprime toutes les actions de protestation pacifiques et légales. Il affirme que plusieurs travailleurs du secteur dans plusieurs wilayas du pays, notamment Cherchell et Béjaïa, observent également une grève de la faim. Il a rappelé que le recours à la grève de la faim a été décidé après que les greffiers aient fait l'objet de sanctions abusives, de licenciements, de résiliation de leurs contrats, et ce, après avoir observé une grève le 10 avril qui a paralysé tous les secteurs de la justice, ayant été suivie à 95% à travers le territoire national. «Le recours à la grève de la faim des travailleurs de la justice est un acte de sacrifice dans la lutte contre l'oppression et l'injustice pratiquées par un pouvoir autoritaire et dictatorial», a-t-il encore déclaré M. Ghadia. Ce dernier a affirmé que plusieurs contestataires ont subi «un mauvais sort»parce qu'ils ont adhéré au mouvement de grève. Le Snapap dénonce ces dépassements du ministère de la Justice : licenciements abusifs, diffamations, interpellations, arrestations et emprisonnements des syndicalistes qui sont les armes de la répression programmée par le pouvoir à l'encontre des syndicalistes du Snapap. Par ailleurs, le syndicat tient à témoin la société civile, les droits de l'homme et l'opinion publique des abus à l'encontre des grévistes de la faim.