Le retour du beau temps en Méditerranée semble avoir encouragé la reprise de l´émigration clandestine à destination de l´Espagne à partir de la côte ouest algérienne. Les gardes-côtes espagnols ont intercepté, jeudi à l'aube, une patera avec 11 passagers à bord, la première de la saison estivale, ce qui fait craindre aux autorités espagnoles la reprise avec une certaine ampleur du mouvement migratoire, comme durant la même période lors des années précédentes. Cette embarcation de fortune a été interceptée à environ 5,5 miles nautiques (10 km) au large de Cartagena au moment où ses occupants apercevaient leur «El dorado» où, paradoxalement 25% de la population active est au chômage longue durée. Le petit moyen de transport, long de quatre à six mètres, a été remorqué jusqu´au port de cette ville du sud de l´Espagne sous les caméras des chaînes de télévision. Des secours humanitaires ont été apportés par une équipe de la Croix-Rouge à ces candidats à l´immigration clandestine, souriants – inconscients de l´expulsion systématique dont ils vont être frappés ? – et visiblement en «bonne santé». Ce sont vraisemblablement des ressortissants algériens, selon une source de l´administration portuaire locale. Les autorités policières ne font pas état dans leur communiqué de la présence de femmes ou de mineurs parmi ces immigrés clandestins. La patera à bord de laquelle ils avaient entrepris une traversée de 150 km environ, logiquement un trajet de 15 heures en période de beau temps, avait été localisée mercredi, vers 23 heures 30, à environ 19 miles nautiques (40 km) par le Système intégral de surveillance électronique (Sive), mis en place le long de toute la côte espagnole et aux Canaries, il y a quelques années. A son arrivée au port de Cartagena, ce groupe de harraga avait été immédiatement remis aux mains de la «estrangeria», les groupes de la Police nationale chargés de la lutte contre l´immigration clandestine, pour les formalités d´usage. Une fois ces formalités terminées, ils seront frappés d´une expulsion immédiate du territoire Schengen sur décision d´un juge et une fois établie leur identification par les autorités consulaires de leur pays d´origine. Seuls le ou les éventuels organisateurs de la traversée, s´ils étaient identifiés, seraient poursuivis pour «trafic de personnes». Ils risquent de six mois à cinq ans de prison. Pour sa proximité des côtes oranaises, la région de Carthagène est, avec celle de Gabo de Gata (Almeria), la destination privilégiée de l´immigration clandestine des harraga.