Rien ne va plus au FFS. La crise qui couvait depuis plusieurs jours au sein des structures du parti a fini par s'exacerber et surtout par être portée sur la place publique. Le front de la contestation s'élargit au fil des jours et risque sérieusement d'éclabousser les instances de ce parti suite à sa participation aux dernières joutes électorales du 10 mai. Ainsi, et après l'éviction du premier secrétaire fédéral de Béjaïa et l'ordre donné par Aït Ahmed de sévir contre les frondeurs, c'est une sorte de levée de boucliers qui se déroule au FFS. L'onde de choc est telle que les reproches et les dénonciations se multiplient et ce sont carrément les cadres du FFS qui montent au créneau. Après Samir Bouakouir, malheureux candidat du FFS en France (Zone 1), qui a dénoncé ce qu'il qualifie de «dérive politique», et celle de certains éléments qui ont «pris en otage la direction et qui ont inscrit l'appareil du parti dans une stratégie qui s'inscrit dans une logique d'accords, de conciliabules ou de tractations dans le dos de la base militante», c'est au tour de 144 membres et cadres du parti, issus des wilayas de Tizi Ouzou, Béjaïa, Alger et Sétif qui viennent de faire une sortie fracassante suite à la réunion tenue à Ifri Ouzellaguène (Béjaïa) il y a trois jours. Ils ont en effet signé un appel, dont une copie nous été transmise, à l'endroit d'Aït Ahmed au sujet de la situation que traverse le parti. Dans ce document interne, les rédacteurs soulignent que l'appel dont le chef de cabinet du parti a refusé d'endosser le courrier et dont des copies ont été adressées au premier secrétaire national, Ali Laskri, ainsi qu'aux membres du comité d'éthique, dont Mohamed Amokrane Cherifi, Aouzelag El Hachemi, Halet Rachid et Boumaza Fairouza, a été adressé à Aït Ahmed par e-mail. Sans détour aucun, les rédacteurs font un constat des plus amers. La direction du parti est accusée de s'être coupée de la base, et la décision de participation du FFS aux législatives du 10 mai 2012 devait répondre à une «double éthique», «une éthique politique de conviction par la re-mobilisation des militants» et une autre «de responsabilité qui atteste de la volonté du parti à participer pour rendre irréversible le processus de changement démocratique». Les 144 signataires de l'appel rappellent, dans un langage direct, qu'après le 10 mai, «il s'en est suivi des pratiques purgatoires contre les militants, la promotion des rapports d'allégeance, le clientélisme, l'affairisme et la corruption morale tout en dénonçant une certaine perversion des débats au niveau du parti», et citent aussi des «pratiques d'exclusion et le conditionnement violent des militants» qui ont de fait engendré une «incompréhension, un désarroi, un ressentiment nettement visibles chez les militants et les populations». Le constat est plus accablant encore. Plus loin dans le même doucement, on pourra lire : «L'appareil du parti a décidé de tourner le dos à ses idéaux, à sa base militante et aux populations (...) et il existe une sorte de mainmise sur le parti par une équipe à l'opposé de sa ligne stratégique et qui vise à l'inscrire dans un processus de normalisation pour mieux atteindre des objectifs inavoués». Pour eux, c'est presque un cheminement de signes déjà constatés : «Ce qui n'était qu'une appréhension s'est très vite confirmé au vu du mode et des critères retenus dans les choix de candidature. «Vidé de ses énergies combatives et amputé de sa substance militante, le FFS se retrouve coupé de la population et détourné de sa mission historique qui est la construction de l'alternative démocratique», déplorent-ils encore, avant de signaler à l'endroit du président du parti : «Toutes vos recommandations ont été foulées aux pieds. L'opportunité de remettre du mouvement dans le statu quo tel que vous l'avez suggéré s'est rapidement évaporée. La démobilisation est sans précédent», regrettent-ils encore avant de réitérer cet appel presque pathétique : «En tant que cadres et militants du parti, nous vous lançons (à Aït Ahmed ndlr) un appel pressant afin de prendre des mesures urgentes, utiles et nécessaires à même de rétablir et de consolider la confiance entre nous et la population et la restitution de cet instrument de lutte à ses militants est un impératif incontournable».