La crise qui couve au FFS va-t-elle en s'amplifiant ? À en croire les derniers développements des «évènements» qui secouent les structures du parti, il n'est pas à écarter que les jours à venir seront décisifs, surtout qu'il est appelé à «honorer» sa présence au sein d'une Assemblée nationale où il a décidé d'être le porte-drapeau de l'opposition. Mais l'opposition est au sein même des structures du parti. Réunie samedi juste après l'installation de l'APN, la direction du FFS a évoqué le point relatif au dernier message d'Aït Ahmed dans lequel il exigeait des sanctions contre des cadres du parti accusés de «comportements fractionnels» mais sans prendre de décision quant à la nature de ces sanctions. «Nous avons survolé ce point lors de la réunion sans pour autant trancher sur la nature des sanctions à prendre», nous a déclaré hier un membre du secrétariat national du FFS. «C'est une nécessité et c'est conforme au règlement intérieur et aux statuts du parti», explique notre interlocuteur pour qui l'éthique est aussi se conformer aux directives de la direction. «Il faut absolument sévir», tranche-t-il, rappelant la «justesse» des recommandations d'Aït Ahmed. Le président du FFS écrivait en effet dans sa note adressée au secrétariat national qu'il lui est parvenu «des informations sur des comportements indignes de la part de responsables ou de figures importantes du parti à l'occasion de ces élections», demandant que tous les manquements «soient dûment consignés dans des rapports qui seront discutés au niveau des instances du parti et sur lesquels je souhaite être tenu informé au plus tôt». Mais bien avant l'«exigence» d'Aït Ahmed, la direction a procédé au limogeage du fédéral de Béjaïa samedi. «La décision de suspension du premier secrétaire fédéral de Béjaïa est nulle et non avenue et il est exigé sa réhabilitation immédiate et sans condition», affirment-ils, estimant qu'il «est bien facile de mettre la débâcle sur le compte de quelque comportement déviant et justifier du même coup une chasse aux sorcières qui du reste a déjà commencé». Les conséquences seront selon eux «tragiques, tant pour le parti que pour le pays». Ils préconisent d'aller en urgence «dans le sens d'un rassemblement plus large des énergies militantes et de mettre un terme aux reniements successifs et aux pratiques incompatibles avec l'éthique démocratique que prône notre formation politique». Il semblerait que ces menaces soient dirigées contre certains cadres accusés de «faire une contre-campagne». L'un d'entre eux, Karim Tabbou, nous déclarait samedi à l'APN que «jusqu'à maintenant, je suis toujours militant du FFS». Façon pour lui de dire qu'il est visé. Une conférence des cadres pour aplanir les différends Après avoir participé aux élections en tant que candidat de la zone 1 (France), le représentant du parti à l'étranger, Samir Bouakouir, est sorti de sa réserve, estimant que ces menaces de sanctions «donnent une piètre image politique d'une direction inquiète à l'idée d'un libre débat garanti par les textes statutaires», tout en dénonçant une «entreprise de domestication de l'opposition radicale et pacifique». Le même responsable qui critique vertement la direction actuelle avec laquelle il a fait campagne avait réclamé une «conférence nationale des cadres pour crever l'abcès». «Le silence de la direction du FFS tout le long de la campagne sur les atteintes aux libertés et les violations des droits de l'homme a semé le trouble chez beaucoup de militants et de sympathisants, ainsi que chez de nombreux militants de la démocratie et de la justice sociale», écrit-il. «Ce n'est pas la participation du FFS aux élections du 10 mai qui est en cause, c'est le sens que lui ont donné ceux qui ont pris en otage un appareil politique et, peut-être, son président», accuse-t-il avant de s'interroger : «Comment ne pas douter que ces éléments, au vu d'une campagne électorale affligeante et de déclarations post-électorales en rupture totale avec la structure et les éléments de langage même du discours politique traditionnel du FFS, ont délibérément opté pour un ralliement à la politique clientéliste et de cooptation du pouvoir ?». Pour Bouakouir, «plus que jamais, la tenue d'une conférence des cadres et des militants du FFS est une nécessité stratégique pour rassembler, sans exclusive, les forces dispersées et faire face à cette entreprise de domestication de l'opposition radicale et pacifique. Si les prémices de la crise étaient apparus bien avant les élections avec notamment le limogeage de Karim Tabbou du premier secrétariat, ils sont apparus au grand jour dès l'annonce de la participation officielle du FFS aux législatives après une convention nationale qui a divisé les militants en partisans du boycott et ceux favorables à une participation tactique. Le choix des listes largement contesté n'a fait qu'exacerber davantage le conflit désormais réel, même si l'on tente vainement au sein de la direction du parti de l'aplanir. La direction du parti tiendra-t-elle compte de ces appels ?