La fusion entre le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et Ansar Eddine n'a pas fait long feu. Quelques jours après l'annonce de la fusion, qui aboutirait, selon le «protocole d'accord» signé par les deux parties, à la création d'un Etat islamique, régi par la loi islamique, au nord du Mali, un communiqué du bureau politique et du bureau exécutif du MNLA rejette catégoriquement l'accord signé, le 26 mai, avec Ansar Eddine à Gao, ville du nord du Mali. Le communiqué dénonce ce texte jugé «trop radical», et «contraire aux valeurs» du MNLA. Les démarcations vis-à-vis de cette fusion se suivaient depuis son annonce. Dans une lettre adressée, le 30 mai dernier, à Bilal Ag Acherif, secrétaire général du MNLA, pour la coordination des cadres de l'Azawad (CCA), le porte-parole Habay Ag Mohamed, écrit qu'«au regard de la posture fondamentaliste, particulièrement celle du jihadisme salafiste, prônée par Ansar Eddine, inconciliable avec la ligne politique du MNLA et contraire à l'Islam pratiqué par l'ensemble des populations de l'Azawad, et compte tenu de la forte imbrication avérée entre Aqmi et Ansar Eddine, les cadres, notables et ulémas de l'Azawad, après analyse approfondie, expriment catégoriquement leur désapprobation par rapport au projet de fusion entre le MNLA et le groupe islamiste Ansar Eddine». Par conséquent, la CCA invite «le MNLA à assumer pleinement ses responsabilités en rompant sans délai le protocole d'accord signé avec le groupe islamiste Ansar Eddine le 25 mai 2012. Ils demandent à l'ensemble des cadres et des organisations de la société civile de soutenir le MNLA et ses forces armées à se démarquer irrévocablement de toute tentative d'instauration d'un Etat jihadiste dans l'Azawad». Signé le 26 mai de la même année, entre le MNLA et Ansar Eddine, «le protocole d'entente» entre les deux parties, par lequel les deux signataires «réaffirment leur attachement à l'indépendance de l'Etat de l'Azawad» et «s'engagent à s'investir pour établir et construire un Etat islamique dans l'Azawad qui doit appliquer la législation islamique dans tous les domaines de la vie». Les deux parties avaient, selon le protocole d'entente, annoncé qu'elles «s'engagent par conséquent pour la fusion immédiate de leurs forces respectives pour constituer une armée unifiée de l'Etat de l'Azawad». Dans le chapitre 6 du «protocole d'entente», le MNLA et Ansar Eddine avaient déclaré qu'ils «s'entendent pour un drapeau unique pour l'Etat de l'Azawad». Le «protocole d'entente» est, donc, sujet à de violentes critiques émanant du MNLA lui-même, ce qui le rendrait inapplicable sur le terrain. Deux autres organisations (Aqmi et Mujao) occupent des parties de villes du Nord du Mali. Les exactions commises par Aqmi et le Mujao contre les populations locales ont abouti, jusque-là, rappelle-t-on, à la mise en place de «noyau populaire de résistance» créé par des habitants de ces villes. Il s'agirait de l'opposition des populations à la présence, au Nord du Mali, des terroristes d'Aqmi et du Mujao (auteur de l'enlèvement de sept diplomates algériens enlevés à Gao, le 5 avril dernier).