La nouvelle APN élue au terme du scrutin des législatives du 10 mai dernier «est une assemblée illégitime». C'est le constat sans appel dont a fait part hier Mohamed Seddiki, président de la Commission de surveillance des élections législatives (Cnisel). Il s'exprimait ainsi lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier à Alger, constituant son ultime sortie publique en sa qualité de président de la Cnisel. Cette structure est parvenue au terme de sa mission à la suite de la remise jeudi dernier aux autorités de son rapport final d'évaluation du scrutin tenu le mois dernier. Le document a été finalisé et adopté par la majorité des membres de la Cnisel, a tenu à préciser son président, insistant que ce sont bel et bien quelque 35 représentants de parti au sein de cette commission en comptant 45 au total qui ont approuvé le contenu dudit rapport final. La séance d'adoption ayant été enregistrée par le moyen d'un support audiovisuel a été marquée par deux faits distincts. Le premier concerne Mohamed Tahar Bouzghoub, le représentant du RND au sein de la Cnisel qui, de l'avis de son président, a approuvé le contenu du rapport mais s'est abstenu toutefois de le signer. Le second fait se rapporte, cette fois-ci, au représentant du FLN, Houd Mouissa Madani, au sujet duquel le conférencier dira qu'il a assisté jusqu'à la fin de la séance de l'adoption avant de claquer la porte au motif, ajoute Mohamed Seddiki, que la conclusion mentionnée dans le rapport final n'était pas de son goût. En fait, le rapport final dont nous avons obtenu une copie souligne en guise de conclusion l'estimation de la Cnisel selon laquelle «les législatives du 10 mai dernier ont été émaillées de plusieurs dépassements et dysfonctionnements durant toutes les étapes liées à ce scrutin et ayant sérieusement égratigné son intégrité et sa transparence». La Commission de surveillance des élections enchaîne en affirmant que «les législatives du 10 mai dernier ne sont d'aucune crédibilité». Les résultats du FLN sont exagérés A la question de savoir si le discours prononcé le 8 mai dernier par le président de la République à partir de Sétif avait réellement «boosté» le score réalisé par le FLN lors des législatives, le président de la Cnisel a eu cette réponse pour le moins incompréhensible : «Le discours du président a été exploité par le FLN.» Une réplique difficile à saisir en effet, lorsqu'on sait que le discours en question était intervenu 48 heures après l'achèvement du délai légal de la campagne électorale. Du coup, son exploitation par le FLN, comme le prétend Mohammed Seddiki, paraît impossible, ou du moins cette exploitation constitue une infraction au code électoral. Cela dit, la réplique du président de la Cnisel quant à l'existence d'un rapport de cause à effet entre le dernier discours de Bouteflika et la victoire du FLN aux législatives trouve son explication dans le fait que les membres de la Cnisel «ont évité d'impliquer négativement les institutions de l'Etat dans l'élaboration de leur rapport final», a encore soutenu le conférencier. Autrement dit, l'influence du premier magistrat du pays qui est de surcroît à la tête de la première institution du pays, la présidence de la République en l'occurrence, sur les résultats obtenus par le FLN, est exclue. Les résultats en question sont exagérés, a encore commenté le président de la Cnisel. «Même durant ses années dorées, le FLN n'aurait pu avoir autant de sièges à l'APN», a-t-il dit, ajoutant que le score obtenu par l'ex-parti unique a laissé tout le monde perplexe, y compris le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Recommandations Le rapport définitif d'évaluation du scrutin des législatives comprend en outre un chapitre consacré aux recommandations dont la prise en considération par les autorités est vivement préconisée par le président de la Cnisel en vue de mieux réussir les prochains rendez-vous électoraux. Des recommandations parmi lesquelles on trouve entre autres la nécessité de recourir non pas à plusieurs commissions comme tel a été le cas, mais plutôt à une seule uniquement au sein de laquelle seront représentés des délégués de partis politiques, des magistrats ainsi que des membres de l'Administration. Seddiki a émis le vœu de voir cette commission unifiée dotée de plus larges prérogatives tout en regrettant que celles attribuées à la Cnisel durant le dernier scrutin étaient de son avis nettement limitées. L'autre recommandation mentionnée dans ce rapport est le recours au bulletin unique comme modèle de scrutin. «Lors du dernier scrutin, on a enregistré plus de 1,7 million de bulletins nuls ; si on nous avait écoutés sur la question du bulletin unique, on aurait pu certainement éviter autant de voix qui n'ont profité à aucun des partis qui étaient en lice», a-t-il dit.