Exclu du comité central par Belkhadem, l'ancien ministre du Tourisme est très en colère. Dans une déclaration au Temps d'Algérie, il bat en brèche les arguments «disciplinaires» avancés par la direction du FLN et ne manque pas d'en accabler le secrétaire général. «Il se comporte ces derniers jours comme un fou», dira-t-il, et réaffirmera la volonté des contestataires du comité central à imposer dès ce week-end leur vision. «Abdelaziz Belkhadem se met ces derniers jours à se comporter comme un fou. Il fait des bêtises comme s'il était touché par le diable, courant vers un simple rayon de soleil pour se débarrasser du bras de fer imposé par ses opposants qui veulent le destituer du sommet de la direction», accuse-t-il d'emblée dans une déclaration au Temps d'Algérie, avant de battre en brèche les dispositions du statut du parti à l'appui, dont la décision de la direction d'empêcher 16 membres du comité central d'assister à la 6e session prévue pour ce week-end, prétextant la violation des dispositions du même statut. Affirmant d'abord qu'il n'a jamais été destinataire d'une convocation, comme le précisait récemment le chargé de communication du FLN qui affirmait que Kara et l'actuel ministre de la Formation professionnelle, Khaldi, n'ont pas répondu aux trois convocations du conseil de discipline, l'ancien ministre du Tourisme affirme que les lois, les règles d'éthique ainsi que les textes du vieux parti sont toujours claires». «Elles ont été mises en application à maintes reprises et nul ne peut faire appel à la jurisprudence pour les interpréter de manière différente.» Pour lui, «le nouveau stalinien», premier qualificatif dont il accable Belkhadem, «a empêché les membres du comité central d'assister à la réunion du CC qui pourrait le destituer de la direction du parti sous prétexte de la violation de ces dernières des dispositions du statut». Il trouve étrange que Kassa Aïssi «tente de tromper les gens en prétendant que l'attitude du secrétaire général est ordinaire du point de vue juridique et moral». Pour Kara, si la disposition «claire et tacite» de l'article 27, qui stipule «qu'est exclu tout militant dont la culpabilité d'appartenir à un autre parti, soit en y adhérant ou en y militant, soit en se présentant sur une autre liste, est prouvée», autre raison invoquée d'ailleurs par la direction, il demeure qu'il faut, selon lui, se poser des questions. «Qui applique ces décisions ? Est-ce automatiquement le secrétaire général ? Ou bien y a-t-il d'autres instances chargées d'appliquer ces mesures ?» s'interroge-t-il, accusant dans la foulée Belkhadem d'avoir «fait une lecture sélective et tronquée de l'article 27 du statut», en dehors du contexte des titres du statut lui-même. Il citera, pour renforcer «sa défense», les dispositions de l'article 22 qui stipule qu'aucun militant «ne doit être sanctionné, exclu ou arrêté avant d'avoir été auditionné par la commission de discipline. Une occasion d'examiner son dossier et de se défendre lui est octroyée». «Le secrétaire général n'a aucune prérogative en matière de discipline» De plus, explique encore Kara, «l'article 38 du règlement intérieur autorise la commission de discipline à trancher toutes les erreurs attribuées aux membres du CC». Pour Kara, qui s'appuie également sur l'article 68 du règlement, il est clair que ces textes «n'attribuent aucune prérogative au secrétaire général en matière de discipline». «Aucun texte juridique du parti ne confère au secrétaire général le droit de punir un militant, voire le plus simple d'entre eux, sauf le droit de le présenter à la commission de discipline», précise-t-il. Mohamed Seghir Kara qualifie le gel «individuel et verbal» de l'adhésion des membres du CC de «forme la plus odieuse de despotisme, de tyrannie et d'abus de pouvoir». Ce qui, selon lui, «a incité l'ensemble des militants à le châtier et l'affronter (Belkhadem)». «Et si la gestion du pays est mise entre ses mains, il ne pourra s'empêcher d'abolir le pouvoir judiciaire et se venger personnellement de ses opposants sans recourir à la justice», ajoute-t-il encore. Allusion faite aux intentions de candidature à la présidentielle de 2014 prêtées à Belkhadem. «La manière dont Belkhadem et ses serviteurs font l'incantation des opposants politiques n'a même pas été appliquée au sein du Parti communiste soviétique sous Staline» assène-t-il encore, l'accusant de comportement «arbitraire qui prouve la perte de sa raison». Sans aucun doute donc, pour Kara, les membres du CC «n'acceptent pas que Belkhadem viole publiquement le caractère sacré du FLN et commette un fait ignoble, méprisable et inacceptable». Il affirmera dans ce registre qu'il sera bel est bien présent ainsi que les autres membres contestataires à la session du comité central pour imposer leur vision. «Nous serons tous présents et nous sommes plus que jamais unis pour une juste cause», nous dira-t-il. Le bras de fer risque d'aboutir à une guerre sans merci. Vendredi prochain risque de faire tache d'huile dans les annales du parti.