[«Le FLN est devenu une association de malfaiteurs»] La stratégie de Belkhadem consistant à récupérer les uns et exclure les autres pourrait lui coûter cher. L'accusation n'est pas des moindres et n'appelle aucune interprétation. «Le FLN sous le secrétaire général actuel, Abdelaziz Belkhadem, est une association de malfaiteurs et de corrompus», a lancé, hier, le porte-parole du Mouvement de redressement du parti, Mohamed Seghir Kara. Ce dernier, exclu avant-hier par la direction du parti d'assister aux travaux du comité central de ce week-end, enfonce le clou. Il explique dans ce sens la volte-face du membre du bureau politique, Abdelhamid Si Afif, qui dénonçait toutes les pratiques de Belkhadem à la veille des élections législatives du 10 mai dernier avant de changer son fusil d'épaule au lendemain des élections. «Si Afif avait accusé Belkhadem de corruption, affirmant détenir contre lui des dossiers compromettants. Après les élections, Belkhadem a acheté son silence et son ralliement pour ne pas aller au bout de sa logique», a ajouté M.Kara. Même son de cloche chez El Hadi Khaldi, ministre de la Formation professionnelle qui est exclu également des travaux du comité central. Il exige de M.Belkhadem de répondre publiquement à l'accusation de M. Si Afif lors de la session du comité central de jeudi prochain. En effet, non retenu dans les listes électorales du parti, M.Si Afif participait à toutes les réunions des contestataires qui voulaient destituer Belkhadem. Mais après les élections et le score du FLN, il a changé de position, dans l'espoir, affirment les contestataires du FLN, de prendre le secrétariat général de l'APN ou de briguer un poste ministériel. «Belkhadem se comporte comme un baron et un chef d'entreprise. Il a perdu le sens du militantisme. Il exclut qui il veut et introduit qui il veut», a ajouté M.Khaldi, accusant Belkhadem d'utiliser le FLN comme un moyen d'atteindre ses objectifs. MM. Kara et Khaldi contestent, en outre, la décision de la direction du parti de ne pas autoriser 16 membres du comité central de participer à la session de ce week-end. Pour eux, la décision n'est fondée sur aucun principe légal. «En nous excluant, Belkhadem joue sur le facteur nombre. Il veut réduire le nombre des votants contre lui lors de cette réunion», estime M.Kara. El Hadi Khaldi se dit déçu du comportement de la direction nationale qui n'a pas hésité à citer leurs noms tout en gardant secret les noms des autres 14 membres exclus du comité central. Nos interlocuteurs précisent, toutefois, que les membres exclus seront présents quelles que soient les conditions. «On va participer à cette réunion. Il y a un règlement intérieur et des instances du parti que Belkhadem doit respecter», précise M.Khaldi. «Le parti n'est pas une société familiale pour prendre une telle décision. Du point de vue légal, c'est une décision illégitime. Belkhadem a concentré tout le pouvoir. Pourtant, selon les statuts du FLN, il est responsable devant le comité central alors que lui, il utilise les membres de ce comité comme des serviteurs», ajoute, pour sa part, Mohamed Seghir Kara. Les deux meneurs du mouvement de redressement ne vont pas croiser les bras devant ces décisions arbitraires. M.Kara annonce même que la fin de Belkhadem se prépare et que les membres de cette instance leur ont exprimé leur solidarité. Ainsi, la session du comité central des 15 et 16 juin s'annonce houleuse et risque de virer à l'affrontement entre les deux camps. La stratégie de Belkhadem conistant à récupérer les uns et exclure les autres pourrait lui coûter cher.