Après un nul contre l'Angleterre (1-1), la France serait bien inspirée de l'emporter vendredi (18h00) face au co-organisateur ukrainien de l'Euro, emmené par l'inusable Shevchenko, pour rester dans la course aux quarts de finale et éviter de voir resurgir de vieux démons. L'entame sans succès des Bleus, désormais devenue un classique depuis le Mondial-2006, a laissé un goût d'inachevé. La route vers les quarts de finale n'est pas encore obstruée mais cette fois, les troupes de Laurent Blanc doivent passer la vitesse supérieure pour remplir l'objectif minimal assigné: terminer parmi les deux premiers du groupe D. Un revers contre l'Ukraine, parfaitement entré dans son tournoi contre la Suède (2-1), serait cataclysmique, mais même un nul rappellerait forcément de mauvais souvenirs, ceux justement que les Français ont pour but de chasser de leurs têtes à l'Euro-2012. Après deux fiascos retentissants (éliminations au 1er tour de l'Euro-2008 et du Mondial-2010), un petit grain de sable suffirait à enrayer le patient travail de reconstruction entrepris par Laurent Blanc. Le sélectionneur joue également très gros et se sait surveillé, son avenir à la tête des Bleus dépendant directement des performances de ses joueurs. Tout autre résultat qu'une victoire plomberait l'ambiance au sein du groupe et fragiliserait la maison bleue avant l'ultime rencontre du 1er tour contre la Suède d'Ibrahimovic, le 19 juin à Kiev. Un succès contre le pays-hôte ôterait, en revanche, une bonne partie de la pression qui semble peser sur les Tricolores, encore à fleur de peau comme l'a prouvé l'insulte proférée par Samir Nasri après son but égalisateur, lundi. A première vue, la mission est à la portée d'une équipe de France qui reste sur 22 matches sans défaite et qui avait écrasé les Ukrainiens il y a un an quasiment jour pour jour dans le même lieu, la magnifique Donbass Arena de Donetsk (4-1). Mais le contexte sera totalement différent, ces Bleus, jeunes, inexpérimentés et très à l'aise en matches amicaux de prestige, ayant une fâcheuse habitude à fléchir lors des rencontres à fort enjeu. Frustrante, la sortie contre les Anglais a tout de même fourni des motifs d'espoirs. Techniquement et collectivement, les Bleus sont largement supérieurs à leurs adversaires de la poule D. Avec le retour de Yann Mvila, qui a récupéré de sa blessure à la cheville et devrait remplacer Alou Diarra dans le rôle de la sentinelle devant la défense, leur mainmise devrait logiquement être renforcée. Blanc attend aussi impatiemment le réveil de ses deux stars, Benzema et Ribéry, bien muselés lundi. La chaleur sera une donnée importante puisque les températures caniculaires observées à Donetsk vont atteindre un pic vendredi avec près de 33 degrés au coup d'envoi. Ce qui aura un impact sur le rendement des deux équipes. Les Bleus, qui ont établi leur camp de base à Donetsk et y ont déjà joué lundi à la même heure, seront-ils avantagés? Ou au contraire, subiront-ils les conséquences physiques d'une trop grande exposition à la chaleur? Mais le principal (le seul?) danger qui guette les Français se nomme Andreï Shevchenko. Auteur d'un doublé contre la Suède, le Ballon d'Or 2004, galvanisé par le soutien de tout un peuple, est ressuscité à bientôt 36 ans (le 29 septembre) et a miraculeusement oublié ses problèmes dorsaux. La fragile charnière Rami-Mexès devra rester sur ses gardes jusqu'au bout. Lâcher enfin les chevaux et se libérer: c'est ce qui sera réclamé aux Bleus qui n'ont, sur le papier, pas grand-chose à craindre de l'Ukraine, modeste 52e nation au classement Fifa. Dans le cas contraire, les secousses risquent d'être terribles.