Le maintien du plafond actuel de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) "ne sera pas suffisant" pour enrayer le repli des prix du pétrole, a affirmé jeudi à Vienne le ministre de L'Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi. "Actuellement, il y a une augmentation injustifiée de la production au niveau de l'organisation. Avec cette surproduction, il risque d'y avoir une baisse incontrôlée des prix à des niveaux qui seraient très difficiles de rétablir par la suite. Le maintien du plafond adopté en décembre dernier ne sera pas suffisant" pour redresser le marché, a-t-il déclaré à l'APS à quelques heures de l'ouverture de la réunion de l'Opep. L'Opep s'était engagée fin décembre à maintenir la production de ses douze pays membres à 30 millions de barils par jour (mbj), le niveau où elle se situait alors, mais sans redéfinir de quotas individuels. Cependant, la production de l'organisation a atteint près de 32 mbj, un niveau presque historique en dépit de la faiblesse de l'économie mondiale, une demande fragile et la tension autour de l'Iran. Après s'être hissé début mars jusqu'à 128 dollars, un sommet depuis juillet 2008, le cours du baril de Brent coté à Londres a dégringolé de 25%, tombant début juin sous la barre des 100 dollars, au plus bas depuis près d'un an et demi. Selon M. Yousfi, de nombreux membres de l'organisation partagent le point de vue de l'Algérie par rapport à l'accroissement de la production de l'organisation pétrolière et ses effets négatifs sur les prix. "Ce sentiment est partagé par beaucoup de délégations ici présentes à Vienne. Nous allons cet après-midi (lors de la réunion), voir comment les discussions au niveau de l'organisation vont se dérouler", a-t-il indiqué. Mercredi, de nombreux pays membres de l'organisation, notamment l'Iran, le Venezuela, la Libye, l'Equateur ont pointé du doigt la surproduction qu'ils considèrent à l'origine du déséquilibre observé ces derniers mois sur le marché et du repli des prix. Les ministres des pays de l'Opep doivent se réunir cet après-midi à huis clos pour faire le point sur le plafond de production adopté en décembre. La production de l'organisation s'est hissée en avril à 31,85 millions de barils par jour selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), notamment en raison d'une forte hausse de l'offre de l'Arabie saoudite, premier producteur mondial de brut. "J'espère qu'on trouvera une solution pour ne pas faire courir ce danger (chute importante des prix, NDLR) à l'organisation qui n'est pas, actuellement, de l'intérêt des pays producteurs et, à long terme, il n'est pas de l'intérêt des pays consommateurs par ce qu'il y aura moins d'investissements", a-t-il expliqué. Le ministre a refusé, par ailleurs, de parler de stabilité de prix autour de 100 dollars le baril. "Il s'agit de voir quels sont les mécanismes à mettre en place pour corriger le marché et répondre ainsi à une situation imprévue", a-t-il affirmé. Mercredi, M. Yousfi avait soutenu que toutes les analyses faites montrent que la production de l'Opep "nécessaire pour approvisionner le marché mondial correctement est de 29,9 millions de barils par jour", relevant dans ce sens que la demande mondiale est "largement couverte à partir du niveau de production de 30 millions de barils par jour".