Un important groupe islamiste armé a attaqué vendredi soir vers 20 h la caserne de la Brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) et le commissariat de police de la localité d'Ath Ouacif, à 35 km au sud-est de Tizi Ouzou. La brigade de la gendarmerie, qui se situe à une encablure du commissariat de police, a été aussi ciblée. Bilan : 2 policiers ont été tués dans cette attaque spectaculaire et quatre autres ont été blessés, dont deux civils, une femme et un homme, qui étaient de passage juste au début de l'attaque. Les blessés sont hors de danger, sauf que la femme a été transférée hier matin vers le CHU Nedir-Mohamed de la ville des Genêts. Selon une source sécuritaire, environ une trentaine d'individus armés ont participé à cet assaut nocturne. L'attaque a duré environ une heure et demie. Les assaillants ont choisi le moment où les habitants de la région suivaient le match de l'équipe nationale de football contre la Gambie pour le compte des éliminatoires de la CAN pour attaquer énergiquement et subitement la caserne de la BMPJ à partir d'une colline surplombant la ville. Les auteurs de l'attentat, qui semblent bien préparés et avoir planifié leur coup, ont cerné toutes les issues de la ville d'Ath Ouacif pour empêcher l'arrivée des renforts, en dressant même un barrage à l'entrée de la ville. Ils ont, dans un premier temps, attaqué les deux structures sécuritaires avec des lance-roquettes artisanaux (hebheb) et par la suite ont ouvert le feu après avoir pris le soin de couper le courant électrique. Les policiers et les éléments de la gendarmerie ont, eux aussi, énergiquement riposté. Ils ont même réussi, après une demi-heure d'échanges intensifs de coups de feu et un déluge de rafales, à repousser les terroristes. C'est à ce moment, ajoute notre source, que les deux policiers ont été tués. Après plus d'une heure, vers 21h30, les éléments de l'ANP sont arrivés pour épauler les policiers et les gendarmes. Les terroristes se sont évaporés dans la nature à la faveur de la nuit très ténébreuse et brumeuse qui a caractérisé la soirée de vendredi à Ath Ouacif, ville située au pied de la montagne du Djurdjura. Le bilan aurait été plus lourd n'était la riposte ingénieuse des services de sécurité qui ont fait échouer l'attentat, nous précise une source sécuritaire. Notons qu'au moment de l'attentat, la brigade de la gendarmerie de Yattafen, une commune de la daïra d'Ath Yenni, a été attaquée par quatre terroristes, mais sans faire de victimes. Les assaillants ont certainement voulu chambouler l'intervention des services de l'ANP appelés à la rescousse à Ath Ouacif. Un faux barrage a été aussi dressé par deux groupes armés pas loin des Ouadhias, sur la RN 30, et un autre faux barrage entre la localité de Aïn El Hammam et Ath Yenni. Les deux faux barrages ont été dressés entre 20 et 22h, c'est-à-dire le temps qu'a duré l'attaque. Durant toute la journée d'hier, la ville d'Ath Ouacif grouillait de militaires. Une véritable psychose s'est emparée de la population locale après la panique de la veille. Une bonne partie des habitants de la ville n'ont pas fermé l'œil de la nuit. L'attaque de vendredi soir est une première dans cette localité. Même durant les années de braise, Ath Ouacif n'a pas connu une attaque terroriste d'une telle envergure.