Pourquoi maintenant ? C'est la question à laquelle des observateurs de la scène sécuritaire tentent de trouver une réponse quant à l'attentat-suicide qui a ciblé, hier, à 5h, le siège du Commandement régional de la Gendarmerie nationale de Ouargla. L'attentat, revendiqué, hier en milieu d‘après-midi, par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), intervient, au lendemain de violents affrontements armés entre cette organisation terroriste et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) à Gao, ville du nord du Mali. Des affrontements au bout desquels le Mujao s'est entièrement emparé de Gao et Tombouctou, deux villes du nord du Mali. Elle intervient, surtout, après la déclaration faite par le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le général-major Abdelghani Hamel, que «les jeunes citadins ne rejoignent plus les maquis terroristes», le déplacement, récent, du général-major Ahmed Bousteila, commandant de la Gendarmerie nationale, aux frontières algéro-marocaines et les instructions données aux gardes-frontières (GGF) de renforcer la lutte contre les narcotrafiquants, ainsi que celle faite par le général de corps d'armée Gaïd Salah, à l' occasion de la sortie de la quarantième promotion, mercredi dernier, à l'Académie militaire interarmes de Cherchell, en présence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, confirmant le refus de l'Algérie d'abandonner la lutte contre le terrorisme. L'attentat-suicide d'hier est-il une réaction à l'un de ces événements ? A-t-il été décidé par le mystérieux Mujao pour toutes ces déclarations ? Le mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (qui, rappelle-t-on, sévit bizarrement en Afrique du Nord) est présenté comme étant une «dissidence» d'Aqmi. La création de cette organisation terroriste dirigée par un chef terroriste connu sous le pseudonyme de Abou Gaâgaâ, d'origine mauritanienne, en décembre 2011, impose nombre de questions dont celle relative à sa capacité de nuisance. En effet, comment le Mujao a, en seulement quelques mois, pu se doter d'une telle capacité de nuisance qu'Aqmi, dont il serait issu, ne dispose pas ? L'organisation terroriste a, rappelle-t-on, revendiqué l'enlèvement de trois Occidentaux, deux Espagnols et une italienne, dans les camps de réfugiés sahraouis, à Tindouf, l'attentat-suicide perpétré, le 3 mars 2012 contre un siège de la Gendarmerie nationale dans la wilaya de Tamanrasset, et le rapt, le 5 avril de la même année, de sept diplomates algériens à Gao, ville du nord du Mali. La même organisation terroriste a, rappelle-t-on, exigé le versement d'une rançon de 15 millions d'euros et la libération de détenus «djihadistes» en Algérie ; faute de quoi le Mujao assassinera les otages, menaçant, aussi, de perpétrer de nouveaux attentats contre l'Algérie. La justice algérienne, bien au contraire, poursuit la programmation de procès contre les chefs et éléments d'Aqmi. C'est ainsi qu'avant-hier, l'actuel émir national d'Al Qaïda au Maghreb islamique a été condamné à la peine capitale au terme d'un procès ayant eu lieu au tribunal criminel près la cour d'Alger. C'est donc la détermination de l'Algérie, dans sa lutte contre toutes les formes du crime organisé et transfrontalier, dont le narcotrafic, face à l'acharnement terroriste représenté par Aqmi et le Mujao, qui est visée.