Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) et le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest) semblent avoir opté pour une «stratégie» consistant à dépêcher des terroristes étrangers en territoire algérien pour perpétrer des attentats, voler des véhicules tout-terrains (principalement des Toyota-Station) et attaquer des institutions financières. C'est ainsi que des terroristes de nationalité tunisienne, libyenne, malienne et autres ont été arrêtés ces dernières semaines, et d'autres mis hors d'état de nuire. Outre l'attentat suicide perpétré le 3 mars contre la Gendarmerie nationale à Tamanrasset par deux kamikazes étrangers appartenant au Mujao, l'arrestation avant-hier, toujours à Tamanrasset, de deux Maliens membres de la même organisation terroriste, l'Algérie a extradé vers la Tunisie un Tunisien arrêté il y a environ deux semaines en Algérie. A la fin de la semaine dernière, ce sont deux terroristes, dont un Libyen, qui ont été arrêtés par les forces algériennes, et quatre autres arrêtés dans le Grand Sud du pays. Le Mujao, dirigé par le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, semble s'acharner sur l'Algérie, comme en témoignent l'enlèvement de trois Européens à Tindouf en octobre 2011, l'attentat de Tamanrasset perpétré le 3 mars 2012 et l'enlèvement de sept diplomates algériens à Gao (ville du nord du Mali) le 5 avril de la même année. Le Mujao qui menace l'Algérie de nouveaux attentats tente d'incruster ses membres en territoire algérien, tandis qu'aucune activité terroriste de la part de cette organisation n'est enregistrée en Afrique de l'Ouest. Ce qui est mystérieux par rapport à l'appellation de l'organisation (Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest). Pourquoi cet acharnement particulier du Mujao contre l'Algérie ? La question reste posée. Cependant, il semble clair que depuis le conflit armé en Libye et la circulation des armes qui en a résulté, depuis le paiement de rançons en contrepartie de la libération d'otages, l'organisation a des facilités pour recruter des mercenaires étrangers pour des activités terroristes en Algérie. Le recours à des djihadistes étrangers est expliqué en partie par les grandes difficultés rencontrées par Aqmi et le Mujao dans le recrutement en Algérie. Il est également expliqué par l'exploitation de la part des deux organisations de la détresse socioéconomique dont souffrent les populations du nord du Mali qui, malgré cela, ont manifesté contre la présence des terroristes sur leurs terres et constitué le noyau populaire de résistance à l'Aqmi et au Mujao.