«Si la situation reste inchangée et que les pouvoirs publics s'entêtent à ne pas répondre à nos doléances, nous continuerons à débrayer», nous a déclaré, hier, un membre du collectif des travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda (DBK), 10 km à l'ouest de la ville de Tizi Ouzou. Depuis dimanche, les travailleurs ont refusé de rejoindre leurs postes de travail entamant une grève qui pour l'heure s'inscrit dans la durée, bien que la décision de déclarer le débrayage illimité n'est pas encore prise, comme l'explique notre source. Mais tout porte à croire que la situation se dirige droit vers le pourrissement, selon les travailleurs. Ces derniers se sont regroupés, hier, à l'intérieur de l'ex-Orlac, et ont scandé des slogans hostiles à la direction de l'usine, réclamant le départ du repreneur. Au début (dimanche, ndlr), les travailleurs étaient partis pour une journée de protestation pour réclamer et exiger que les résultats de l'enquête menée par une commission interministérielle soient rendus publics dans les plus brefs délais. Mais, suite à ce qu'ils qualifient de «sourde oreille» des responsables du secteur, il ne restait comme solution que de continuer à débrayer. Le fédéral de la Fédération nationale des travailleurs de l'industrie agroalimentaire s'est déplacé, hier, au niveau de la laiterie, dans une tentative de convaincre les quelques 360 travailleurs à reperdre le travail. En vain. Les grévistes ne l'entendront pas de cette oreille, puisque aucune suite n'est envisagée en contrepartie. «Où est passée la commission d'enquête qui devait se rendre périodiquement à l'usine pour suivre le respect du cahier des charges et la reprise normale du travail ?» a demandé le représentant du collectif, avant d'ajouter : «Rien ne peut justifier cette durée de quatre mois pour rendre public le rapport de la commission sur la poudre périmée utilisée dans la production.» Selon lui, «les membres de cette commission, dont les ministères de l'Agriculture et de l'Industrie, jouent sur l'apaisement pour gagner du temps et faire oublier aux travailleurs cette histoire comme si rien ne s'était passé». Hélas, c'est sans compter sur la volonté des concernés, puisqu'ils sont désormais déterminés à maintenir la pression jusqu'à satisfaction de leur revendication. Mis à part le fédéral, aucun autre responsable ne s'est donné la peine de se rendre sur les lieux. La pénurie de lait en sachet a repris de plus belle, puisque le manque a été constaté dans les quatre coins de la wilaya. Les consommateurs se sont rabattus sur le lait en poudre malgré son prix élevé. La spéculation gagnera certainement du terrain, comme ce fut le cas lors de la grève qui avait duré près de cinq mois (octobre 2011-février 2012), où le prix du sachet de lait avait atteint les 40 DA.