Dans un entretien accordé au journal français Le Parisien, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian évoque la situation au Sahel et ses répercussions sur la stabilité dans la sous-région. Le ministre estime que «l'adoption jeudi à l'initiative de la France de la résolution 2056 du Conseil de sécurité de l'ONU sur le Mali est déjà un pas important qui en appelle d'autres». Le ministre a estimé que le Sahel «risque d'apparaître demain comme un sanctuaire du terrorisme, un nouvel Afghanistan miné par l'islamisme au cœur de l'Afrique. On a sous-estimé politiquement la fragilité du Mali et les conséquences de la chute de Kadhafi, dont une partie des milices soutenant le régime sont passées au Mali». Le ministre français de la Défense a souhaité un engagement européen au cas où l'option d'une intervention armée soit fixée pour le nord du Mali. «Il faut maintenant que l'Union africaine trouve les voies et les moyens de la mise en œuvre d'un tel dispositif qui sera soumis à une nouvelle résolution, mais ce n'est pas la vocation des forces françaises. Si cette initiative appelle un soutien d'autres acteurs, il serait souhaitable que celui-ci soit européen», dira Jean-Yves Le Drian à propos de la résolution onusienne qu'il a citée. Les organisations terroristes, notamment l'Aqmi et le Mujao, tirent profit d'importants lots d'armes libyennes volées de casernes de l'armée libyenne au cours du conflit armé qui a abouti à la chute de Mouammar El Kadhafi. Certaines informations font par ailleurs état de la sollicitation de l'Algérie par la France pour le soutien à une telle option. L'Algérie avait exprimé son attachement à l'option politique pour trouver une solution à la situation au nord du Mali. Alger comme Paris comptent des ressortissants pris en otages par les organisations terroristes. Des observateurs attendent d'ailleurs dans cette situation que le mouvement Ançar Eddine se démarque de l'AQMI et du Mujao, deux organisations terroristes. Ançar Eddine a tenté de sceller une alliance avec le mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). L'AQMI et le MUJAO occupent, selon certaines sources, une partie du nord du Mali, et procèdent à des enlèvements ainsi qu'au trafic d'armes et de stupéfiants. L'Algérie est préoccupée par cette situation, d'autant que son consul général à Gao (ville du nord du Mali) et six autres membres de sa mission diplomatique ont été enlevés le 5 avril de l'année en cours dans cette ville malienne.