La propreté sur nos plages laisse vraiment à désirer. Le manque de civisme est pour beaucoup dans la pollution des rivages de la capitale, notamment au niveau des stations balnéaires de Sidi Fredj et Zéralda, ainsi que sur l'ensemble des rives du littoral algérois. Polluées, pas polluées, ce n'est pas toujours facile de savoir si les plages que nous fréquentons sont conformes aux normes internationales en termes de qualité d'eau, ou pas. Il y a quelques dizaines d'années encore, la côte algéroise, qui s'étend de l'oued Mazafran à l'oued Réghaïa, un itinéraire côtier de près de 97 km, était connue pour ses belles plages de sable fin et ses criques rocheuses. Aujourd'hui, les traces toutes fraîches confirment le passage des pollueurs qui ne sont malheureusement jamais les payeurs. Les restes des repas sont enterrés ingénieusement sous le sable, en dépit de la multitude de niches à ordures installées sur les plages. Une dame, habituée de la station balnéaire de Zéralda, nous confie : «On ne peut pas faire un pas sans trébucher sur une bouteille ou une canette de soda. Personnellement, je crains beaucoup pour la sécurité de mes enfants.» En effet, la vigilance est de tous les instants, en raison des tessons de verres ensevelis sous le sable. Par ailleurs, le bord est devenu également un immense cendrier. Effectivement, le sable mérite d'être passé au crible afin de le débarrasser de ces mégots de cigarettes qui s'entassent à la surface. Ce vacancier a du mal à dissimuler sa colère : «Le sable aurait un meilleur aspect si tout le monde prenait la peine d'emporter avec soi ses clopes.» La propreté des plages est donc l'affaire de tous. Les plages d'Alger souillées par une énorme quantité d'ordures en plastique Les plages de la capitale se dégradent de plus en plus, et une quantité record d'ordures en plastique est retrouvée tous les jours sur nos plages. Cela menace non seulement l'environnement mais également la faune et la flore marines de toute la région. Cependant, ces ordures en plastique jetées sur les plages qui ont atteint des niveaux record, menacent à présent les oiseaux de mer, les poissons de la Méditerranée, la flore marine mais surtout l'être humain. Le plastique est un sujet de préoccupation majeur étant donné qu'il peut perdurer dans l'environnement marin pendant des siècles (puisqu'il n'est pas biodégradable) ayant des conséquences désastreuses pour la faune et la flore marines. Au cours des dernières années, la quantité de bouteilles en plastique, de sacs en plastique ou de mégots de cigarettes jetés sur les plages du littoral algérois a fortement augmenté. Des bouts de coton, des emballages de chips (ou d'autres aliments), et des canettes de soda font partie des ordures les plus communes trouvées sur les plages. Ainsi, c'est des tonnes de déchets qui sont déversés dans la Méditerranée chaque année. Les conséquences sont désastreuses : les déchets plastiques envahissent la mer, détruisant tout sur leur passage. De toute évidence, la tendance est loin de s'inverser : «On produit toujours autant de déchets.» Et les pollutions chimiques Quant aux pollutions chimiques, elles menacent également les plages de la capitale et anéantissent la vie marine. Parmi elles : les pesticides utilisés par les cultivateurs, les rejets de matières toxiques des bateaux de pêche ou de commerce, mais également les eaux usées domestiques et les rejets industriels. La pollution qui affecte les plages d'Alger est générée par les rejets industriels et domestiques qui ne sont pas traités suite à l'arrêt de la plupart des stations d'épuration. La lutte contre cette pollution est d'autant plus difficile que ce qui est au fond de l'eau, ou dilué dans l'eau est souvent invisible, et que certains produits toxiques infiltrés dans la mer ne produisent souvent leur effet qu'après un longue durée. Chaque année, les vingt pays qui bordent la Méditerranée y rejettent 50 millions de tonnes de déchets. Les produits chimiques issus de l'agriculture industrielle et de l'industrie sont emportés par les fleuves jusque dans la mer et s'y accumulent. La Méditerranée est contaminée par les déchets industriels et les métaux lourds. Ces produits peuvent décimer et rendre non comestibles des populations entières de coquillages, de crustacés et de poissons. Les maladies à transmission hydrique sur la côte ouest d'Alger Les plages de la côte ouest de la capitale telles que Zéralda et Palm Beach ont révélé la présence de maladies à transmission hydrique, notamment les intoxications bactériologiques. Plusieurs familles se sont plaintes, après avoir passé un séjour en bord de mer, que leurs bébés âgés entre 10 et 36 mois souffraient d'intoxications dites bactériologiques, dont les symptômes apparents sont des diarrhées répétées, des vomissements après chaque repas, mais surtout la perte de l'appétit. L'enfant en bas âge perd du poids, refuse de s'alimenter par peur de vomir, et devient faible. Ainsi, chaque année, la mer est à l'origine de maladies à transmission hydrique, telles que la typhoïde, le choléra, les infections cutanées et les intoxications bactériologiques. La pollution gagne du terrain, même les plages autorisées à la baignade ne sont pas totalement propres. La côte algérienne mériterait sans doute un peu plus d'attention de la part des autorités publiques mais aussi des citoyens. En effet, sur les 487 plages que compte le littoral algérien, 213 plages sont interdites à la baignade. La majorité d'entre elles sont fermées pour cause de pollution. Si les wilayas de Skikda, Tipasa et Jijel ont vécu l'échouage de navires tels le Nestor-C, le Cougard, le Castor, en 2003, les poissons morts trouvés dans le port de Béjaïa durant les années 1980, les eaux usées dans la capitale demeurent, elles aussi, l'une des plus grandes catastrophes écologiques. A long terme, elles constituent une véritable bombe à retardement.