«Aucun matériel ni base de vie ne pourront être installés sur nos terres sans l'indemnisation des expropriés». C'est le niet affiché par les propriétaires de terrains dans le cadre de la réalisation du futur barrage hydraulique de Souk N' Tleta, dans la commune de Tadmaït, 20 km à l'ouest de Tizi Ouzou. Selon Mohamed Merabti, président de l'association des expropriés, «l'administration veut tout simplement nous arnaquer, du moment qu'aucune suite n'est donnée à la question des indemnisations depuis l'installation officielle de l'entreprise turque au mois de mai dernier». Notre interlocuteur explique que les expropriés ont été destinataires des arrêtés de cessibilité, non pas d'arrêtés d'expropriation, ce qui devrait intervenir un mois après comme le stipule la loi en vigueur. Car c'est après avoir reçu un arrêté d'expropriation qui suit l'arrêté de cessibilité signifiant que la terre n'appartient plus à son propriétaire et qu'elle est sous la protection de l'Etat que le concerné pourra toucher son indemnisation. Or, actuellement, aucun des expropriés n'a été destinataire d'un arrêté d'expropriation. Les motifs de ce refus, explique M. Merabti, sont relatifs à la situation que pourrait engendrer une éventuelle installation de l'entreprise sur les lieux avant l'indemnisation, à savoir les retards et les lenteurs administratives. Ajouter à cela, «une fois les équipements de l'entreprise sur les lieux, une équipe de sécurité sera certainement chargée d'assurer les conditions adéquates pour la bonne marche du chantier, et nous ne pourrons plus intervenir», dit-il. Le 17 mai dernier, date de l'installation du groupe Nurol-Ozaltin par le wali de Tizi Ouzou, ce dernier avait insisté, rappelons-le, sur «la nécessité de finaliser l'installation de tous les équipements ainsi que la base de vie dans les semaines qui viennent», rappelant aussi la levée de toutes les contraintes liées à l'expropriation. Mais, deux mois après, il s'avère que la situation est toujours en stand by. Rien n'a changé depuis. Les responsables de l'entreprise qui ont pris attache à maintes reprises avec l'association des expropriés en vue de trouver un accord pour l'installation de ces équipements dans une première démarche, ont reçu un refus catégorique. L'association explique qu'il est du devoir de l'administration locale, notamment la direction de l'hydraulique, de suivre l'évolution du dossier et accélérer les procédures de règlement des situations pendantes, à savoir «indemniser les expropriés». Faudra-t-il à chaque fois l'intervention personnelle du wali pour qu'un petit problème administratif soit réglé à Tizi Ouzou ? C'est du moins ce que les responsables de différentes directions laissent croire. D'ailleurs, notre interlocuteur ajoute que l'association n'a pas voulu s'en remettre au wali, depuis que ce dernier a mené à terme les négociations jusqu'à l'installation officielle de l'entreprise lors de son déplacement au village Souk N'Tleta. «Il y a des responsables exécutifs qui doivent assumer leurs missions», tranche M. Merabti. Ce n'est pas tout, puisque même le projet de réalisation des logements sur un terrain dégagé à Tadmaït est toujours à la traîne. Les travaux de terrassement ne sont pas encore entamés. De quoi ajouter des doutes sur la volonté de l'administration d'aller de l'avant. Situé sur l'oued Bouguedoura, à 8 km au sud de la commune de Draâ Ben Khedda, le futur barrage de Souk N'Tleta a bénéficié d'une autorisation de programme de 13 milliards DA sur fonds propres de l'Etat. La durée de sa réalisation est de 40 mois, alors que la réception provisoire du projet est prévue le 14 septembre 2015. Sa capacité s'élève à plus de 90 millions/m3.