Suite à la décision prise par le gouvernement espagnol relative au retrait de tous ses humanitaires des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, le Comité national algérien avec le peuple sahraoui (CNASPS) a vivement réagi, en l'accusant d'abandonner ce peuple opprimé à l'endurance et à la souffrance, le livrant au colonialisme marocain. Dans un communiqué de presse, le comité a considéré que la décision de l'Espagne officielle «s'interprète comme un abandon pur et simple des réfugiés après que le royaume d'Espagne les a abandonnés en 1975… les livrant en connivence à l'occupation marocaine». Pis encore, le CNASPS conçoit ce «coup dur» comme un soutien au Maroc dans sa position et une manière de décourager les activités humanitaires étrangères dans les camps de réfugiés sahraouis. Les membres du CNASPS dénoncent cette «triste» décision qui affecte «gravement l'assistance humanitaire aux réfugiés sahraouis, alors que la société civile espagnole continue de manifester sa ferme volonté de solidarité avec le peuple sahraoui». Les membres du CNASPS rappellent à l'Espagne «sa responsabilité totale dans la genèse du conflit et lui demandent instamment d'annuler cette honteuse décision». Les responsables espagnols avaient justifié cette décision par la «forte augmentation de l'insécurité dans la région». Il y a lieu de préciser qu'après le rapatriement de ces humanitaires, l'Espagne a demandé hier à ses ressortissants de quitter le Mali en raison des risques de prises d'otages par les islamistes liés à Al Qaïda au Maghreb islamique. Le ministère espagnol des Affaires étrangères aurait eu des échos révélant que «l'Aqmi préparerait de nouvelles prises d'otages d'Occidentaux dans la région du Sahel». A rappeler que trois humanitaires européens, dont deux Espagnols et une Italienne, ont été kidnappés en octobre dernier dans un camp de réfugiés sahraouis à Tindouf par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Il s'agit d'un groupe terroriste qui cible particulièrement l'Algérie et les intérêts algériens. Ils ont été heureusement relâchés après plusieurs mois. Selon un dirigeant du Mujao, «ces libérations ont été négociées en échange de celles de trois prisonniers islamistes dans un pays musulman». Début mai, le Mujao avait réclamé le versement de 30 millions d'euros en échange de la libération de deux (femmes) des trois otages, et la libération de prisonniers détenus en Mauritanie. Cette organisation détient actuellement quatre diplomates algériens enlevés en avril dernier à Gao, au nord du Mali, alors qu'elle en a libéré trois autres. Le Mujao a revendiqué des attentats contre les gendarmeries de Tamanrasset et de Ouargla. Le task-force du mouvement international de solidarité avec le peuple sahraoui se réunira, selon le communiqué du CNASPS, dans les prochains jours pour étudier cette nouvelle situation et prendre en conséquence toutes «les mesures de nature à assurer la permanence du service humanitaire dans les camps des réfugiés sahraouis, afin que ces derniers ne soient pas pénalisés par la lâche décision du gouvernement espagnol».