Après que les pouvoirs publics ont décidé de prendre en charge les réfugiés syriens en Algérie en les plaçant au camp de colonie de vacances de Sidi Fredj, certains ont refusé la proposition et sont restés hébergés dans des hôtels à proximité du square Port-Saïd à Alger-Centre. Ils ont, selon nos sources, opté pour des auberges et autres hôtels en raison des conditions d'accueil à Sidi Fredj qu'ils trouvent «déplorables». «Nous étions au milieu d'une forêt, sans commerces aux alentours et grouillant d'insectes», se plaindra l'un des réfugiés qui revenait du campement et rencontré au niveau du square. Abrités sous des tentes au niveau de Moretti à Sidi Fredj, la chaleur et l'humidité ont eu raison d'eux. Certains ne sont restés qu'une journée avant de rebrousser chemin. Des Algériens qui les ont côtoyés au niveau du square pendant quelques semaines donnent une autre version des raisons pour lesquelles les Syriens ont fui Sidi Fredj. Des témoins racontent que les réfugiés préfèrent rester au square pour bénéficier de la générosité des passants, ce qui n'est pas possible dans leur auberge en raison de l'isolement des lieux. Certains Syriens qui ne ramassent pas plus de 4000 DA/jour comptent rejoindre les pays européens et s'y installer, l'Algérie n'étant qu'une escale. Au niveau de Port-Said, un Syrien, chapeau sur la tête, assis sur un banc à lire son journal, nous dira que ses compatriotes ne se rendent à Sidi Fredj que pour passer la nuit, et que le reste du temps, ils se baladent un peu partout en ville. A notre arrivée sur les lieux, des citoyens intrigués par notre présence nous ont rejoints. Ils mettent de l'argent de côté pour se rendre en Europe Un «débat» est improvisé autour de la question syrienne et chacun y allait de ses commentaires et de son avis. «Les Syriens donnent comme argument le fait qu'ils ont accueilli l'Emir Abdelkader après sa défaite contre les Français et ont reçu aussi d'autres Algériens qui ont fui le colonialisme ou la guerre civile, et considèrent donc que c'est leur droit d'imposer leur présence et dicter leur loi sur la manière de les accueillir», dira un citoyen. Sur un petit espace de verdure, des membres d'une famille syrienne, assis à même le sol, profitaient de la brise fraîche et du soleil. Lorsqu'on s'approche d'eux et qu'on se présente en tant que journalistes, le père de famille, la quarantaine, cheveux grisonnants et le regard triste se montrera brutal. «Vous n'avez pas honte de nous calomnier sans cesse et de nous traiter de mendiants et de miséreux alors que nous sommes venus en Algérie uniquement pour un séjour touristique», dira-t-il. Ses compatriotes l'ont suivi dans sa réaction et nous ont demandé de ne plus rien écrire sur eux. Parallèlement à notre bref entretien avec les Syriens, notre collègue qui plus loin prenait des photos a subi les foudres de ces derniers qui se sont montrés violents et nous ont demandé de partir. Nous nous sommes dès lors dirigés vers les hôtels des environs pour avoir une idée du nombre de Syriens qui y sont logés. Dans un des hôtels du square, le réceptionniste nous indiquera que l'hôtel est complet. Pas moins de 50 Syriens y sont logés. Il précisera par ailleurs que le soir venu, les hommes d'affaires syriens installés en Algérie venaient apporter des vivres et de l'argent aux résidents. «Il est normal que traités de la sorte, ils ne voudront pas quitter le square pour Sidi Fredj», ironise-t-il. 500 m plus loin, au niveau d'un autre hôtel, même constat. Vingt Syriens y ont élu domicile. «On n'a aucun problème avec eux, ils payent leur chambre, leur repas», dira le réceptionniste. Dans un autre hôtel, c'est le même topo : des Syriens ont réservé des chambres, passent leurs journées à l'extérieur et rentrent le soir. En essayant de les accoster, ils nous feront comprendre clairement qu'ils veulent passer leur séjour en toute quiétude et dans l'anonymat sans être perturbés par les va-et-vient et les gens de la presse.