Après une série de réunions, la semaine dernière au siège du ministère des Affaires étrangères, le chef de la diplomatie espagnole, José Manuel García-Margallo, et les organisations civiles pro-sahraouies, sont parvenus ce week-end à un accord sur le retour «progressif» des volontaires espagnols évacués des camps de réfugiés de Tindouf le 28 juillet dernier. García-Margallo avait alors justifié cette décision par les «indices sérieux» d'une «imminente opération de prise d'otages» des ressortissants espagnols séjournant dans les camps de réfugiés sahraouis où se seraient «infiltrés» des éléments agissant pour les groupes terroristes du Mujao et d'Aqmi. Les ONG de retour dès demain Cette opération de rapatriement avait soulevé la colère des organisations civiles qui y ont vu un «complot» négocié avec le Maroc pour affaiblir le Front Polisario, accusation dont s'est défendu le gouvernement espagnol dont le ministre des Affaires étrangères a fini par reconnaître que ce fut, en effet, «une décision très radicale». Un terrain de compromis a,$ finalement été trouvé au cours de cette série de réunions pour un retour progressif à Tindouf des volontaires espagnols chargés de suivre les projets de redéveloppement financés par l'Agence Espagnole de Coopération Internationale au Développement (Agecid) relevant de la tutelle du ministère des Affaires étrangères. Selon le porte-parole de la Coordination des ONG au Développement (ONGD), Antonio González, «le gouvernement reste préoccupé par la menace de prise d'otages, mais comprend parfaitement la détermination des organisations civiles à continuer d'aider la population sahraouie et à poursuivre leur mission dans le cadre de l'Agecid». Au départ, les positions étaient diamétralement opposées mais «au final, un compromis a été trouvé», estime Antonio González. Le premier groupe de volontaires partira dès demain à Tindouf. Il s'agit de militants de la Confédération nationale des associations de soutien au Sahara (Ceas), présidée par José Taboada. Suivra trois jours plus tard une délégation de l'ONG basque «Mundabet» dont les deux militants, Enric Gonyalons et Aïnoha Rincón, avaient été enlevés le 22 octobre 22011 à Rabouni et libérés le 18 juillet contre paiement de rançons. La sécurité à Rabouni confiée au privé Ces départs graduels se feront en fonction de la mise en œuvre d'un plan de sécurité assuré par un organisme privé qui se mettra en place progressivement à Rabouni (Tindouf), lieu de résidence des membres des associations qui assistent les réfugiés sahraouis, en association avec l'Algérie et le Front Polisario. Jusque-là, cette mission était entièrement confiée au mouvement sahraoui. Le nouveau protocole en cours de finalisation par un groupe de travail s'inspire du système «Saving Lives Together» (sauvons des vies ensembles) mis en place par les Nations unies en Palestine et en Afghanistan, notamment pour cordonner le travail des organisations civiles et des militaires. Ce protocole prévoit de donner un minimum de formation aux volontaires afin de prévenir les dangers de prise d'otages qui est la hantise du gouvernement espagnol. Madrid ne veut plus courir le moindre risque de prise d'otage qui immobiliserait son appareil diplomatique pendant des mois et lui coûterait beaucoup d'argent en cette période de grave crise économique. El Pais du 3 août affirme que le gouvernement espagnol a payé un triple coût au Mujao pour obtenir la libération de ces deux activistes civiles : une rançon de 15 millions d'euros, la libération de trois membres du réseau de soutien à ce groupe terroriste (deux par la Mauritanie et un par le Niger) et le rapatriement des 13 ressortissants espagnols de Tindouf.