Les 27 membres des organisations civiles espagnoles qui effectuent depuis mardi un séjour de solidarité avec la cause sahraouie ont tous constaté «la totale sécurité dans les camps de réfugiés sahraouis». Tous les ressortissants étrangers «bénéficient de la protection permanente assurée par les combattants du Front Polisario», ont rapporté les envoyés spéciaux des grands journaux qui les ont accompagnés dans ce voyage qui prendra fin demain. Front Polisario :«Sécurité renforcée mais pas de militarisation !» Les 27 coopérants avaient été escortés depuis leur arrivée à Tindouf jusqu´aux portes des camps de Rabouni par la Gendarmerie nationale algérienne. Leur sécurité dans les camps est assurée par les combattants du Front Polisario dont le responsable de la sécurité, Ibrahim Mohamed Mahmoud, a ordonné que tout Espagnol en déplacement à l´intérieur même du camp soit escorté. Visiblement, le mouvement sahraoui ne voulait pas contredire les autorités espagnoles qui ont évoqué «la possibilité d´éléments agissant pour le compte d´Aqmi ou du Mujao» et encore moins laisser la moindre faille à ces groupes terroristes. La prise d´otages du 23 octobre dernier à Rabouni avait été possible, en effet grâce à la complicité de deux Sahraouis qui avaient été par la suite arrêtés dans un hôtel de Nouadhibou (Mauritanie). Devant les nombreux journalistes qui ont accompagné les 27 volontaires espagnols, le responsable sahraoui chargé de la sécurité, Ibrahim Mohamed Mahmoud, a tenu à préciser toutefois que le Front Polisario a «renforcé les mesures de sécurité sans militariser le secteur de Rabouni pour maintenir le climat de convivialité dans les camps de réfugiés. Il s´est refusé toutefois à donner plus de détails aux médias sur le plan sécuritaire mis en place pour prévenir tout risque d´infiltration dans les camps par des éléments agissant pour les groupes terroristes sévissant au Sahel. L´Onu n´a pas évacué ses coopérants civils Le principal organisateur de cette mission, le président de la Confédération des ONG pro-sahraouies (Ceas), José Taboada, a qualifié, une fois de plus d´«infondé» l´alarmisme du ministère espagnol des Affaires étrangères qui a vainement tenté de convaincre les organisations civiles de «renoncer à prendre des risques réels d´une prise d´otage». Les activistes, eux, ont fait valoir que le rapatriement, le 28 juillet dernier, des 13 ressortissants espagnols avait été précipité, laissant entendre que l´argument d´«indices d´une imminente prise d´otages» avancé par le ministre des Affaires étrangères, José Manuel García-Margallo, ne se vérifie pas sur le terrain. M.Taboada et ses compagnons ont fait valoir à l´appui de leurs arguments que «les Nations unies n´ont pas pris de mesure de rapatriement des 26 «volontaires» travaillant pour le HCR, la Minurso et le Programme Alimentaire Mondial qui activent dans les camps de réfugiés sahraouis. C´est d´ailleurs ce que leur avait confié, au cours d´une réunion à Rabouni, le colonel égyptien qui dirige la Minurso, organisme de l´Onu chargé depuis 1991 de la surveillance du cessez-le feu. Accueillis en héros à Tindouf Ces déclarations ont fait sortir le ministère espagnol des Affaires étrangères de sa réserve. Jeudi, le Secrétaire d´Etat à la Coopération Internationale, Jesús García, avait qualifié d´«irresponsable» l´ignorance consciente par les coopérants des «risques de prise d´otages» alors que le CNI (services secrets espagnols) et leurs homologues des pays occidentaux activant au Sahel sont tous d´accord sur l´existence de ces «indices». Toutes les critiques directes et indirectes ont été mal reçues à Madrid. Aussi, le Secrétaire d´Etat espagnol à la Coopération a-t-il cru devoir rappeler que les volontaires travaillant pour l´Onu logent à Tindouf où la sécurité est assurée naturellement par les autorités algériennes et non pas à Rabouni, lieu de résidence des coopérants espagnols, où c´est le Front Polisario qui est investi de cette mission. Les autorités sahraouies ont déclaré comprendre les préoccupations du gouvernement espagnol pour ses ressortissants. C´est pourquoi le Front Polisario a pris des mesures de sécurité exceptionnelles à l´occasion de la venue de ce groupe d´activistes qui a fait échouer le plan de rapatriement des ressortissants espagnols mis en œuvre le 28 juillet. Quatre des volontaires rapatriés étaient d´ailleurs de retour mardi à Tindouf où ils avaient été accueillis en même temps que tous leurs camarades «comme des héros» par les responsables et la population sahraouie. Ils ont pu assister à la cérémonie de remise des diplômes du bac aux lauréats par le Président Mohamed Abdelaziz. Le président Abdelaziz :«Le Maroc veut nous isoler» Dans une interview au quotidien ABC, le président sahraoui a accusé le Maroc d´œuvrer à travers une telle propagande dont il serait l´inspirateur à «l´isolement régional du Front Polisario et à la cessation de l´aide internationale aux réfugiés sahraouis». Il déclare, également, avoir demandé aux autorités espagnoles de lui donner des détails sur ces «risques de prise d´otage», sans obtenir de réponse à ce jour. «En ce que le concerne, le Front Polisario est disposé à collaborer activement avec toutes les parties pour éradiquer le terrorisme de la région du Sahel», dira le président sahraoui au journal espagnol.