L'association culturelle du village Taghzouth, dans la commune d'Illiltene, récidive cette année encore. Ses membres organisent ces jours-ci, du 12 au 16 de ce mois, la deuxième édition du festival culturel amazigh. Diverses manifestations et activités d'animation sont inscrites au programme : théâtre, chants, poésie d'expression berbère, exposition, etc. Les manifestations se déroulent le soir, juste après le f'tour à la placette du village Taghzout, un village situé au pied de la chaîne montagneuse du Djurdjura et qui est d'une beauté qui hypnotise le visiteur qui s'y rend pour la première fois. Tous les villageois, hommes, femmes, enfants assistent chaque soir aux spectacles nocturnes, le tout dans une ambiance de retrouvailles et de convivialité. Le coup d'envoi a été donné dimanche dernier par la troupe théâtrale de Tizi Guefrès qui a égayé l'assistance. Pour la soirée de lundi, après la troupe Imzoureg de Takarboust (Bouira), c'était au tour de la célèbre troupe Lewahma de Béjaïa de présenter son spectacle humoristique. Un spectacle qui a fait rire l'assistance durant toute la soirée. «Notre objectif principal est de réunir d'abord tous les villageois après une journée harassante et surtout inculquer la culture berbère à la jeune génération, comme il s'agit de contribuer à la sauvegarde et à la préservation de notre langue plusieurs fois millénaire», nous dira Bouzid, chargé de communication de l'association Taghzout, qui porte le même nom que le village de quelque 700 habitants. «Je remercie les jeunes de notre village pour leur initiative. C'est vraiment magnifique de voir des villageois assister à la présentation de scènes théâtrales, alors que ce genre de spectacle était naguère réservé au citadins», fait remarquer un jeune étudiant du même village. L'animation dure jusqu'à des heures tardives de la nuit. D'une hospitalité légendaire, les habitants de Taghzout accueillent chaleureusement les invités et les familles qui viennent des villages limitrophes. Kenza Farah pour la clôture D'autres activités culturelles sont aussi au menu, dont un atelier d'écriture de langue tamazight en caractères tifinagh, mis en place depuis le premier jour du festival. «Notre langue doit être écrite en caractères tifinagh, comme le souhaitait le linguiste Mouloud Mammeri. Pourquoi l'écrit-on en arabe ou en français alors», se demande Koceila, un journaliste-poète de la commune d'Illiltène. Même la poterie, activité artisanale répandue en Kabylie depuis la nuit des temps, mais qui se perd ces dernières années, n'est pas en marge du programme de l'association Taghzout. Un atelier lui a été réservé. Des jeunes filles sont encadrées par des vieilles du village qui leur apprennent ce métier qui demande beaucoup d'ingéniosité et de techniques. On citera aussi un concours destiné aux jeunes poètes d'expression kabyle pour encourager l'éclosion de jeunes poètes. En parallèle, une exposition de poterie, de bijoux et de robes kabyles, confectionnés par les femmes des villages, a été mise en place par les organisateurs. Cette activité n'a jamais perdu de sa valeur, grâce à la persévérance des femmes kabyles et leur attachement viscéral aux habits traditionnels. «Ce sont les femmes qui ont sauvegardé la culture berbère. Il faut le reconnaître et leur rendre hommage», nous dira un membre de l'association. Cette manifestation culturelle, les jeunes du village de Taghzout veulent l'inscrire dans la tradition et comptent l'organiser chaque année en cette période. Il est utile de rappeler que ce festival est organisé en collaboration avec la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, le théâtre régional Kateb-Yacine, l'APC d'Illoula et le comité de village de Taghzout établi en France, précisent les organisateurs. La clôture de cette manifestation culturelle régionale est prévue pour jeudi, avec un gala artistique. C'est la star Kenza Farah qui est conviée par les villageois à la soirée de clôture qui s'annonce d'ores et déjà grandiose.