Alors que la cellule de communication de la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou ne rate aucune occasion de balancer ses communiqués de presse pour vulgariser les actions et les interventions de ses différents services dans la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, la réalité du terrain prouve malheureusement que la petite criminalité, notamment les agressions à main armée, prend de l'ampleur. A travers tous les coins de la wilaya, les agressions à l'arme blanche deviennent récurrentes et le port de cette arme par une grande majorité de la frange juvénile délinquante s'est presque banalisé. Le couteau est à la portée de tout le monde. Bien que les services de sécurité aient multiplié les opérations coup-de-poing à travers les quartiers de délinquance dans la ville de Tizi Ouzou, il n'en demeure pas moins que d'autres quartiers, villages ou hameaux situés en dehors de la ville des Genêts, sont laissés pour compte. Les rares interventions effectuées ciblent dans leur majorité les commerces illicites de boissons alcoolisées et les lieux de débauche et/ou de prostitution. Rien que pour les trois derniers jours, pas moins de trois personnes ont trouvé la mort à Bouzguène, Irdjen et Béni Douala. A Bouzguène, à 70 km vers le sud-est de Tizi Ouzou, le corps sans vie de H.A.N., 54 ans, a été retrouvé mardi pas loin du village Aït Saïd. La victime portait des traces de violence sur le corps. A Irdjen, commune distante de 15 km à l'est du chef-lieu de wilaya, un jeune d'une vingtaine d'années demeurant au village Bouilef a été tué et des dizaines d'autres personnes ont été blessées lors d'une rixe qui s'est déclenchée et transformée en bataille rangée entre les habitants de deux villages. Dans la daïra de Béni Douala, le corps sans vie d'un jeune d'une vingtaine d'années a été retrouvé le jour de l'Aïd par les habitants du village Aït Bouyahia. Comme les précédents crimes, la victime portait aussi des traces de violence sur plusieurs parties de son corps. L'auteur présumé du crime a été arrêté. D'autres agressions qui sont passées sous silence, faut-il le souligner, caractérisent le quotidien des citoyens qui sont ciblés pour leurs appareils portables, bijoux, argent, etc. Cependant, la cadence à laquelle le crime prend de l'ampleur à travers la wilaya dénote bien qu'il est de plus en plus banalisé. La première cause se trouve, selon des observateurs, dans le port d'arme blanche prohibé, mais «presque toléré». Il faudra se pencher sérieusement sur ce fléau afin de minimiser un tant soit peu les crimes. Par ailleurs, la situation sociale de la frange juvénile dans la wilaya est aussi pour beaucoup dans la hausse de la criminalité. Le chômage à Tizi Ouzou est l'un des plus élevés du pays. Le manque d'offres d'emploi et la fuite des investisseurs poussent les jeunes à verser dans la délinquance. C'est dire combien il est difficile de venir à bout de la criminalité. Le rôle des services de sécurité reste par contre des plus importants, car il est censé exterminer la source du crime. Le port d'armes blanches doit faire l'objet d'une attention particulière. Déjà affaiblie par le climat d'insécurité marqué par les attentats terroristes et le phénomène du kidnapping qui ne cesse de prendre de l'ampleur, la wilaya de Tizi Ouzou est en proie à une hausse inquiétante de la petite criminalité.