Les capacités d'accueil de l'actuel port d'Alger ne répondent plus à la demande. Des dizaines de bateaux de marchandises attendent des fois des jours avant d'accoster. Le paysage est devenu familier depuis quelques mois. Quand il fait beau, les gens de la ville prennent place sur le littoral de La Casbah ou d'Alger-centre pour admirer un des rares tableaux qu'offre la baie d'Alger : des embouteillages en mer ! Le phénomène est surtout visible à partir de la place du Millénaire de la basse-Casbah ou à partir du boulevard Zighoud Youcef. Quand on prend du recul et qu'on se met à regarder la baie depuis les hauteurs de Bologhine, de La Casbah, de Belcourt ou d'El Biar, on ne peut s'empêcher de se représenter les anciennes invasions dont le port actuel était le théâtre. C'est que, à tout moment de la journée, on y voit des dizaines de bateaux de marchandises notamment qui attendent pour accoster. Pas plus tard qu'hier matin, quelque trente bateaux étaient en rade. Ce n'était pourtant que la partie visible du tableau. Au loin, à cause du brouillard de la matinée, plusieurs autres bateaux se mettaient derrière le rideau. Cet embouteillage en mer explique bien une chose capitale : le port d'Alger, le premier du pays en termes de volume de trafic, n'arrive plus à répondre à toutes les sollicitations. C'est la saturation de l'infrastructure. «Chaque jour, les services du port publient une liste des bateaux qui devraient accoster. Cela ne concerne généralement qu'une trentaine de cargos de taille moyenne. Les autres doivent attendre à ce que des places soient libérées dans les docks», affirme un agent du port. Selon lui, les demandes d'accoster pleuvent sur la structure qui n'en peut plus. «Un bateau peut demeurer en rade pendant des journées entières. S'il dépasse un certain délai, son propriétaire doit payer une contrepartie à la direction du port», ajoute l'agent. A en croire notre source, les délais de paiement interviennent après quatre jours passés dans les eaux territoriales. La position d'attente devant la porte du port cause des pertes sèches aux importateurs. «Il suffit de voir ces bateaux en rade pour comprendre que vous être des tiers-mondistes !» C'est là la confidence d'un ressortissant français au fait de la chose économique. A ce fier à ces déclarations, cette situation est inimaginable dans les ports européens. En attendant la fin des travaux d'élargissement des docks, la pression sur le port demeure entière.