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Un littoral qui a la cote
Jijel- Vacances en classe « tourisme »
Publié dans El Watan le 18 - 07 - 2007

Le mois de juin ayant tiré sa révérence, les résultats du baccalauréat étant connus, le temps des vacances sonne le réveil pour aborder un train de vie bien différent de celui mené tout au long du reste de l'année.
Après un timide mois de juin, caractérisé par le désormais traditionnel rush du week-end, la fête organisée au port de Boudis – enfin Boudis retrouve sa place culturelle à côté des marins-pêcheurs – à l'occasion de la fête commémorative de l'indépendance, a donné un avant-goût de ce que sera l'été à Jijel cette année. L'exceptionnelle ruée des familles vers ce havre de paix pour « déguster » les sonorités de Katcho, Haroun Benhadji, le chanteur qui a magistralement interprété le panégyrique de l'antique Igilgili, œuvre écrite et composée par Khaled Sefir, Nadia Benyoucef et la voix d'or Radia Manal, témoigne de la place que continue d'avoir Jijel dans le cœur de beaucoup d'estivants. En ce début juillet, nous avons bien voulu savoir de la bouche du directeur de la culture le programme tracé pour les soirées estivales, mais malheureusement, la réponse était que le programme n'était pas encore finalisé ! N'empêche, nous croyons savoir que le traditionnel festival du rire, organisé chaque année au niveau du camp de jeunes de Blida – nous ne dirons pas Bordj Blida après les remarques formulées sur l'appellation de l'ex-ferme Andreux par les gens des Ouled Boubekeur – par contre, le festival de musique, qu'on croyait solidement incrusté dans le paysage estival de Jijel, ne sera certainement pas au rendez-vous cette année. Les déceptions accumulées chez les organisateurs de Sky Music de Jijel et Nouba Prod de Grenoble feront que cette extraordinaire expérience prendra une voie de garage après seulement quatre éditions ! Nous restons, tout de même, optimistes quant à une éventuelle remise en selle du festival « Jijel en musique » à l'avenir. Plus que toute autre saison, l'été est certainement le plus idéalisé à Jijel. Pour les locaux comme pour les estivants arrivant d'autres régions du pays, on retrouve la côte qu'on croit toujours connaître ou avoir connue, mais à chaque fois, quelque recoin visité sonne indubitablement comme une surprise. A toute occasion, on pense tout de suite qu'il y a quelque chose de nouveau, une chose qu'on n'a jamais remarquée auparavant. Et puis, il y a cette odeur iodée et reposante caractéristique du bord de mer qui ajoute une autre connotation aux moments d'évasion sur les lieux de ce littoral très apprécié. D'est en ouest, de Oued Z'hor (El Milia) à Boublatene (Ziama Mansouriah), la côte jijelienne file sur le un dixième de la côte algérienne, soit 120 km. Elle offre une multitude de visages. De la côte sablonneuse, prédominante à l'est de la wilaya, s'enchaîne à l'ouest du chef-lieu de wilaya un littoral rocheux, ponctué de magnifiques criques et de plages jalousement protégées par une chaîne montagneuse verdoyante. Les rochers hérissant le littoral ouest attirent les pêcheurs d'une saison, armés de cannes à pêche et moulinets, en quête d'une prise au bout de l'hameçon. Hormis la bande littorale, les richesses de la région, et elles sont incommensurables, demeurent, jusqu'à l'heure actuelle, seulement bonnes à être étalées en littératures sur les prospectus et autres supports. L'attrait de l'arrière-pays montagneux, étouffant de verdure ensorcelante, recelant d'innombrables sites pittoresques, reste tributaire de la situation sécuritaire, d'autant qu'il constitue encore dans certaines régions un gîte idéal pour les groupuscules terroristes encore en activité, ou de passage pour rejoindre soit les bases du Gspc à la frontière avec la wilaya de Skikda, ou encore les monts des Babors qui ouvrent la route vers la Kabylie et le centre du pays. Incontestablement, à Jijel, l'été sonne comme un réveil : l'été fait tout oublier. Les villes côtières de la wilaya prennent à l'unisson des airs de vacances avec le peu de moyens qui existent. L'essentiel est d'ouvrir ses plages pour les baigneurs, son parc animalier pour les amoureux de pique-nique et permettre aux estivants de briser la routine en adoptant un autre rythme de vie chargé de nouvelles relations et expériences. C'est un véritable pansement pour les éraflures accumulées le restant de l'année. Les dons de Dieu enchantent quiconque foule le sol de la région alors que les actions humaines demeurent en-deçà des attentes d'une région qui n'arrive toujours pas à capitaliser efficacement ses atouts naturels et surtout ceux balnéaires par excellence. Et dire que depuis 1988, on ne cesse de ronronner sur les 19 zones d'expansion touristiques qui devaient engloutir une superficie de 4 828 hectares. Près de vingt ans après, neuf ZET ont déjà perdu leur vocation touristique, réduisant ainsi le potentiel foncier touristique à 2901 hectares. Les dix zones touristiques, toujours en lice pour une hypothétique concrétisation sur le terrain, sont celles de Oued Z'Hour (El Milia), Beni Belaid (Kheiri Oued Adjoul), Tassoust (Emir Abdelkader), Ras El Afia (Jijel), Taza et Dar El Oued (Ziama Mansouriah), et quatre zones dans la seule commune d'El Aouana (Blida, Arbid Ali, Aftis et El Aouana). Privilégiée, la ZET d'El Aouana, dotée d'une superficie de 167 hectares, a fait couler beaucoup d'encre sans toutefois émerger du lot mesquin caractérisant l'ensemble des zones touristiques programmées, en dépit de l'étude d'aménagement réalisée par un bureau français. Cette dernière zone devait gratifier la wilaya de plus de 3000 nouveaux lits, des capacités d'hébergement jusque-là juste théoriques. Les capacités d'hébergement offertes demeurent ainsi toujours réduites pour répondre aux attentes des estivants. La wilaya ne dispose actuellement que de 25 hôtels totalisant seulement 1969 lits. Il convient tout de même de signaler l'ouverture, depuis une année, d'un nouveau et bel hôtel en plein centre-ville de Jijel, nommé Jazira, de l'investisseur privé Djamel Tebibel. Par contre, du côté des Aftis, dans la commune d'El Aouana, c'est le dépit qui s'illustre chez le seul propriétaire d'une structure hôtelière dans cette localité très prisée par les estivants d'Alger et de Sétif. En effet, c'est par voie de presse que le propriétaire du très « mignon » hôtel Timridjen a annoncé sa décision de ne pas ouvrir son établissement à l'occasion de la présente saison estivale. Les raisons invoquées ont trait à l'absence de parking pour les clients. En effet, après les travaux d'élargissement de la RN43, le peu d'espace qui existait a été dévoré par la chaussée. N'ayant pu obtenir un terrain se trouvant en face de l'hôtel pour aménager une aire de stationnement, le Timridjen restera clos cet été. La faiblesse des capacités d'accueil est compensée par les espaces offerts par 16 camps de toile dotés de 3974 lits, et de quatre camps de jeunes et trois auberges de la jeunesse d'une capacité totale de 1200 lits. Ces dernières années, une nouvelle formule s'est solidement ancrée dans les mœurs locales et contribue efficacement à atténuer la pression sur les hôtels et les camps de toile. C'est la location de villas et appartements. En effet, à la quasi-disparition du camping libre depuis l'avènement du terrorisme, s'est substituée la location des maisons et appartements, un marché qui a connu un développement fulgurant, ces dernières années, au point où les prétendants à un espace pour loger leurs familles ne contiennent plus une moue de désappointement devant les prix pratiqués. Ce qui n'était qu'une rallonge annuelle de l'escarcelle du ménage, est devenu au fil des ans un véritable commerce organisé qui ne dit pas son nom. En dépit du réveil « pécuniaire » assommant pour les bourses légères, la wilaya de Jijel demeure très attractive, si bien que les visiteurs d'un été expriment généralement la résolution de revenir la prochaine saison. Cette fidélité et cette attractivité découlent essentiellement de ce respect presque immaculé envers les familles qui n'aspirent qu'à vadrouiller tranquillement, jour et nuit, sans le moindre tracas. Les révoltés de la ruine estivale promettent, quant à eux, de chercher le farniente sous d'autres cieux, principalement en Tunisie où ils disent bénéficier de beaucoup plus de commodités pour une dépense moindre. L'hospitalité, la quiétude et la sécurité sont les maîtres mots des estivants arrivant à Jijel. La ville de Jijel, après un « toilettage », offre désormais une façade maritime plus attrayante avec l'aménagement des fronts de mer, une amélioration de l'éclairage public et l'ouverture, à chaque coin, de crémeries et pizzerias. Le parc animalier de Kissir, relevant du parc national de Taza, constitue pour beaucoup de familles un lieu d'évasion après une journée passée à la plage. Le port de Boudis, en plein centre de Jijel, s'est lui aussi imposé comme une station touristique attirant les estivants qui y déambulent des heures durant, principalement la nuit, en quête de quelque brise rafraîchissante. Au port de Boudis, les mareyeurs n'ont plus souvent le sourire en ces temps de vaches maigres. Le poisson se fait de plus en plus rare, et les prix atteignent des seuils impudents. Chaque jour que les embarcations quittent le port, ils patrouillent impatiemment le long des quais dans l'attente du retour des bateaux de pêche. Comme les marins-pêcheurs, ils entretiennent une relation de passion avec la mer. Merveilleux à plus d'un titre, le monde de la mer recèle, néanmoins, un caractère impitoyable. Mais, lors de belles prises, la mer apporte joie, pain quotidien et économies pour affronter les périodes où les visages deviennent livides. C'est l'été, la mer est généralement plus généreuse, les visages plus rayonnants et le poids de la vie moins pesant. A Boudis, un privé vient de ramener une embarcation, un ancien yacht, pour, nous a-t-on dit, organiser des sorties en mer durant cet été. Belle initiative qui fera découvrir aux amoureux de la mer les contours de la côte jijelienne. C'est déjà le va-et-vient incessant sur les principales artères de Jijel, surtout celles qui mènent vers la plage Kotama ou le front de mer ouest. Incontestablement, la placette qui dame le pion aux autres est celle communément appelée « Le bateau » ou encore Baba Arroudj, en
référence à Barberousse qui établit, pour un certain temps, sa capitale à Jijel. Initialement, cette placette devait accueillir une statue de cet « homme de mer » turc, mais la pression des conservateurs a imposé simplement une réplique d'un bateau d'époque. Les visiteurs de la région seront sûrement ravis de voir l'amélioration qu'a connue le réseau routier dans la région et principalement sur la principale route qui traverse la wilaya, la RN43. Si le secteur des travaux publics a enregistré un véritable bond, après les tâtonnements des années1990, justifiés à forte raison par la distribution au compte-gouttes des crédits pour moderniser les principales voies de la région quand les caisses de l'Etat étaient vides, celui du tourisme semble se complaire dans son état larvaire en dépit des intentions maintes fois formulées par tel ou tel, sans toutefois, à une exception près, développer le secteur touristique. Décidément, le tourisme, tout autant que l'industrie, le logement et le chômage subséquent s'illustreront, pour des années encore, comme les principales plaies de la wilaya. Cependant, à Jijel, durant l'été, on oublie tout.


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