Le ministère de la Jeunesse et des Sports a décidé de s'expliquer, hier matin, sur une certain nombre de problèmes relatifs à son secteur, notamment sur les résultats de nos athlètes aux récents Jeux olympiques de Londres ou la politique en matière de sport qu'il est en train de mettre en application. Il a délégué pour cela son secrétaire général, Kamel Guemar ainsi que quelques-uns de ses cadres en charge de volets spécifiques, qui se sont exprimés, hier matin, lors d'une conférence de presse organisée au Centre de regroupement des équipes nationales de Ghermoul (ex-Groupes laïcs). D'aucuns s'attendaient à ce que ce soit l'occasion pour ce ministère de répondre aux accusations du Comité olympique algérien selon lesquelles cette instance serait marginalisée, on a eu droit à un long, très long, compte rendu de Kamel Guemar sur les correctifs que son département compte entreprendre pour redresser la situation du sport algérien. Il ne s'est, cependant, pas gêné, à un certain moment, d'écorcher le COA en indiquant qu'il «n'était pas venu pour polémiquer mais pour faire avancer le débat sur le sport. Il y en a marre des faux clivages et des critiques sans fondement». On avait bien compris par là qu'il visait le professeur Hanifi, président du COA lequel, lors du Forum de Liberté, samedi dernier, n'avait pas hésité à «tirer» sur le MJS. Un diagnostic et un constat Toujours est-il que le secrétaire général de ce ministère a déclaré que dès la fin des Jeux olympiques de Pékin, un diagnostic avait été établi sur la santé du sport algérien, diagnostic qui faisait ressortir que l'élite nationale vieillissait depuis les Jeux d'Athènes en 2004 et on n'avait pas procédé à son renouvellement. Il y avait une déperdition de cadres nationaux, de nombreux entraîneurs de valeur ayant choisi d'aller exercer à l'étranger où ils sont mieux payés. Il y avait une absence totale de centres de préparation au profit de l'élite nationale. Il y avait une course effrénée pour les résultats immédiats avec pour corollaire l'absence d'une stratégie de détection et de formation des jeunes talents. La médecine sportive n'était plus opérationnelle comme par le passé. Il y avait une inexistence de staffs techniques multidisciplinaires avec une instabilité chronique des praticiens en exercice. Il n'y avait pas d'accompagnement scientifique et d'expertise méthodologique des plans et programmes de préparation. Le dysfonctionnement des clubs était plus qu'une réalité. Il y avait une déperdition des centres de préparation qui existaient comme le Cneps et le Centre de Séraïdi. La collaboration étroite entre les acteurs en amont et en aval n'existait plus. Le MJS, au regard de ce constat, a présenté en Conseil de gouvernement un certain nombre de projets à mettre en application pour tenter des redresser la situation. Parmi ces projets figurent la modification du décret 05-405 relatif aux Fédérations sportives, l'enrichissement de la loi 04-10 sur le sport, la refonte du système de financement des activités sportives, la réalisation d'infrastructures sportives d'excellence, la formation des jeunes talents, la recherche de l'excellence sportive, la relance des activités de médecine du sport, la promotion du sport pour tous, la relance du sport à l'école et à l'université, la promotion de l'éthique sportive, la lutte contre le dopage et contre la violence dans les centres sportifs et le renforcement des relations intersectorielles. Parallèlement à cela, le MJS est impliqué dans un vaste projet de construction à travers un certain nombre de wilayas de centres de regroupement et de préparation de l'élite sportives. Ces centres dont quelques-uns sont en voie d'achèvement, d'autres en cours de réalisation ou d'autres au stade de l'étude du projet, sont au nombre de 16 pour l'édification desquels une enveloppe budgétaire de plus de 14 milliards de dinars a été dégagée. D'autre part, trois grands centres de formation vont voir le jour : celui de Bordj El Bahri (Alger) consacrée aux sports nautiques, celui de Blida spécialisé aux sports équestres enfin celui de Sétif flambant neuf, le plus grand d'entre tous qui comprendra même un lycée sportif et dont l'inauguration est prévue pour le mois de septembre. Cette école de Sétif sera dédiée aux sports olympiques. D'autres seront plus spécifiques comme celui de Sidi Moussa versée dans le football au même titre que celui, régional, de Sidi Bel-Abbès. 6 stades en construction Au point de vue infrastructurel il convient de citer la réalisation en cours de deux stades de 40 000 places chacun dans la région d'Alger, celle du stade de Tizi Ouzou d'une capacité de 50 000 places, celle du stade d'Oran avec ses 40 000 places. Pour ce qui est des stades en étude on en prévoit un à Sétif et un autre à Constantine. Le budget consacré à la construction de ces 6 stades dépasse les 93 milliards de dinars. Le MJS entrevoit également l'édification d'établissements d'éducation physique et sportive à Béjaïa, Béchar, Constantine et Khenchela. Kamel Guemar a, par ailleurs, annoncé que 120 clubs, répartis sur 16 wilayas, vont être ciblés et être dotés du statut de clubs formateurs et qu'en conséquence ils recevront le maximum de moyens pour mener à bien leur mission. S'agissant de la participation algérienne aux récents Jeux olympiques de Londres, l'orateur dira : «Quand on se trace un objectif que l'on ne parvient pas à atteindre, c'est un échec.» Il soulignera que les trois disciplines qui, habituellement, se distinguent aux Jeux olympiques, à savoir l'athlétisme, le judo et la boxe, n'ont pas répondu aux attentes. Pour lui, il convient de rendre hommage à Toufik Makhloufi pour l'exploit dont il a été l'auteur mais ce résultat est bien trop isolé au regard des moyens qui ont été dégagés tant pour la préparation que la participation aux Jeux. Il visera surtout le judo dont l'échec est plus que lamentable comme le souligneront un certain nombre de journalistes. «Le MJS est pour l'autonomie des fédérations sportives et pour le développement d'un partenariat avec elles», dira-t-il. «Mais je tiens à préciser qu'il y aura reddition des comptes. C'est d'argent public qu'il s'agit. Nous sommes en fin de mandat de tous les bureaux fédéraux. Le MJS va faire un bilan de tout ce qui a été accompli sur le terrain des compétitions en fonction de l'argent qu'a touché chacun.»