«Si nous venions à saisir la justice sur cette histoire, il ne resterait plus tellement de présidents de clubs professionnels chez nous.» Telle est la révélation que nous a faite dernièrement un cadre du ministère de la Jeunesse et des Sports avec lequel nous avions entamé une discussion sur le sujet relatif aux menaces des présidents des clubs professionnels de ne pas prendre part aux deux championnats si leurs revendications n'étaient pas satisfaites dont celle d'être reçus par le principal responsable du secteur, le ministre en personne.»
Ces présidents devraient faire profil bas, nous a dit notre interlocuteur. Le ministère a octroyé 1 milliard de centimes à chacun des clubs pour qu'il puisse acheter un bus. Je ne pense pas qu'il y en ait une dizaine qui ait utilisé cet argent à cet effet. Il nous suffit de demander qu'on nous présente la carte grise du bus pour voir quels sont ceux qui ont agi avec honnêteté dans cette affaire. «Ces propos n'ont pas manqué de nous rappeler ceux que tenait un jour le président d'un grand club de la Nationale 1 dans les années 90, aujourd'hui décédé, sur les ondes de la Radio nationale et même dans une interview à un journal local.» Si l'Etat se mettait à effectuer un contrôle sérieux dans les clubs de football, avait-il dit, nombreux sont les présidents qui iraient en prison», avait-il déclaré. Un capital avec l'argent du CSA Aujourd'hui nous nous trouvons face à un semblant d'association qualifiée de Forum des présidents de clubs qui menace et fait pression sous prétexte que leurs clubs sont au bord de l'asphyxie. Il y a un fait que personne ne pourra contester à savoir que personne n'a obligé ces clubs à prendre le statut de professionnel. Quand l'initiative d'instaurer le professionnalisme dans le football avait été prise, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, nous disait qu'il se satisferait de quatre à cinq clubs pour tenter l'aventure. «Il n'est nul besoin d'avoir un tas de clubs. Quatre ou cinq, ce sera largement suffisant. Ce seront des clubs qui auront assez de moyens pour prétendre au professionnalisme et qui serviront de locomotive au système», nous avait-il déclaré. Malheureusement le président de la FAF a été pris au piège. Dès que l'on a ouvert les portes du professionnalisme tout le monde s'y est engouffré et au total, sur les 32 clubs que comptaient les ex Nationale 1 et 2, on a eu… 32 propositions d'adhésion à ce nouveau statut. Le drame, et c'en est un, c'est que la Fédération a accepté tout le monde à la condition que le postulant lui présente un bout de papier signé par un notaire justifiant la création d'une SSPA (société sportive par actions). Une dénomination pompeuse pour des semblants d'association dont 90% d'entre elles ont créé un Conseil d'administration doté d'un capital avec l'argent du club amateur. Et pour enfoncer le clou, certains se sont permis d'acheter des actions et de les mettre à leur nom non pas avec leurs propres sous mais avec celui du club amateur. Le capital en question n'a, dans la plupart des cas, pas dépassé le million de dinars. Une misère. Mais également une absurdité car on a assisté à une surenchère effectuée par des clubs au capital de 1 millions de dinars en train d'acheter des joueurs à coups de milliards de centimes. C'est ça le miracle du football algérien. Vous gaspillez plus que votre capital. Et ce miracle se poursuit jusqu'à aujourd'hui, ces clubs se permettant de crier famine et de demander l'aumône au MJS alors qu'ils viennent de boucler un mercato où ils ne se sont point gênés de gaspiller des milliards de centimes en achats de joueurs. Revenir à l'amateurisme Ces gens devraient savoir que si la porte est ouverte dans un sens, elle l'est également dans l'autre. Ils peuvent faire retourner leurs clubs respectifs vers l'amateurisme s'ils sentent que ce n'est plus possible de continuer de la sorte. Du reste, demandons-nous combien ils sont à répondre favorablement aux dispositions du cahier des charges du professionnalisme instauré par le MJS et la FAF ? Ils ne devraient pas être deux ou trois. Une nouvelle fois, malheureusement, la Fédération joue au populiste et laisse faire. Tenez voyez le cas du RC Arba qui vient d'accéder en Ligue 2. Le cahier des charges du professionnalisme impose au candidat d'avoir un stade adéquat. Le club arbéen n'en ayant pas, normalement il aurait dû être interdit de jouer en Ligue 2. Malgré cela il a été admis en Ligue 2 et voit ses matches à domicile programmés sur terrain neutre. Qu'est ce que cela pourrait être sinon que du bricolage ? A ce rythme là, tous les clubs algériens peuvent accéder au statut professionnel même ceux de quartiers. Les présidents de clubs agitent leur menace au moment où le MJS voit atterrir un nouveau ministre. Le Professeur Mohamed Tahmi arrive à peine, qu'on cherche à le placer au pied du mur avec des revendications inadmissibles. Or au ministère on affirme que tout ce qui a été convenu en Conseil interministériel a été accompli et que les clubs ont obtenu ce qu'ils voulaient. Reste les terrains pour les centres de formation mais sans ces terrains est-ce que les clubs peuvent être empêchés d'activer ? Absolument pas. Ce qui nous pousse à croire que ces clubs là font du boucan pour rien, juste pour se donner de la contenance. Mais ce sont des outres vides qui feraient mieux de faire preuve de retenue car l'Etat peut très bien s'amuser à leur demander des comptes et là on prend le pari que l'on entendra les mouches voler.