Alors que le mercato estival s'est achevé jeudi dernier et que les clubs, ceux de la Ligue 1 s'entend, ne se sont point gênés de se mettre au-devant de la scène médiatique en termes de recrutement, il paraît opportun de faire des remarques sur des pratiques pour le moins énigmatiques pour ne pas dire bizarres. La fin de la saison qui s'est achevée en mai dernier avait été marquée par des séries de réunions des présidents de clubs professionnels pour traiter essentiellement d'un énorme problème, celui du financement de ces associations sportives dont l'écrasante majorité faisait état d'un déficit abyssal. Il était parfaitement évident qu'entre ce que ces clubs enregistraient comme entrées d'argent et ce qu'ils consentaient comme investissements, la différence était de taille, les premières ne parvenant jamais à combler le vide produit par les secondes. D'où l'inévitable endettement de ces clubs lesquels devraient mettre la clé sous le paillasson et se retirer du système si la règlementation était appliquée dans son sens le plus strict. Seulement on se trouve en Algérie où tout ne marche pas comme le voudrait la normalité. C'est ainsi que ces clubs qui criaient, il n'y a pas si longtemps, qu'ils n'avaient plus de sous, ne se sont pas privés, durant des semaines, de se lancer dans une vaste opération de recrutement de joueurs qui coûtent aussi chers les uns que les autres. Dans ce cinéma qui ne veut pas dire son nom, un club fait sensation. On veut parler du Mouloudia d'Alger dont tout le monde sait qu'il traîne derrière lui le plus gros déficit de tous les clubs de la Ligue 1. Ce qui ne l'a pas empêché de procéder à un énorme recrutement de joueurs pour s'offrir l'un des effectifs les plus riches du championnat qui débutera le 11 septembre prochain. Il n'y a que chez nous que de tels miracles se produisent, à savoir qu'un club endetté, qui ne possède comme patrimoine à hypothéquer qu'une villa (et encore elle est propriété du club amateur), parvient à se payer des joueurs qui sont parmi les plus cotés du marché. La question qui se pose est bien entendu de se demander d'où émane l'argent qui a permis un tel investissement. Il se dit qu'il s'agit de prêts ce qui sous-entend de nouvelles dettes pour un club qui déjà la saison dernière ne payait ses joueurs qu'au compte-gouttes. Ailleurs, le MCA aurait été interdit de recrutement. Le miracle ne s'arrête pas là pour ce club. Il existe, en effet, au niveau de la Fédération algérienne de football, une commission de contrôle de gestion des clubs professionnels. Cette structure semble adaptée pour un certain nombre de clubs mais pas pour d'autres. Entendez par là qu'elle pourrait avoir les mains liées lorsqu'il s'agira de fouiner dans la gestion de quelques-unes des grosses cylindrées du championnat. Il est connu que quand on s'attaque à un gros morceau on risque d'être confronté à des problèmes insolubles accentués par un interventionnisme abusif. On a appris, par exemple, que les clubs ont été destinataires de la part du MJS d'une somme de 1 milliard de centimes pour l'achat d'un bus. La Fédération a voulu savoir si cette somme avait été réellement utilisée pour une telle opération et a, donc, demandé à chacun des clubs professionnels de lui fournir la carte grise du bus qui avait été acheté. Ils ne sont que quelques clubs à avoir répondu favorablement à cette requête, ce qui signifie que tous les autres ont utilisé le milliard de centimes pour autre chose. Nous n'avons pas entendu de mesures prises par la FAF pour résoudre ce problème. De crainte, peut-être, qu'une remontrance doublée d'une sanction de sa part soit très mal accueillie par ces clubs dont on n'oubliera pas qu'ils sont membres de l'assemblée générale de cette Fédération. En tout cas, les textes de loi la mettent face à ses responsabilités en matière de contrôle de ces associations sportives. Il lui revient de baliser le système du professionnalisme à partir du moment où c'est elle qui a accepté qu'il y ait 32 clubs avec un tel statut. Nous allons entamer la troisième saison du professionnalisme, il serait temps de mettre en garde les clubs face aux dérives qui peuvent les mener vers une voie sans issue. Jacques Brel chantait qu'il «ne faut pas jouer aux riches quand on n'a pas le sou». Le mieux serait de s'en inspirer.