Plus de quatre tonnes de kif traité ont été saisies très tôt dans la matinée d'hier, dans la localité de Boukanoune, dans la wilaya de Tlemcen, à moins d'une vingtaine de mètres du tracé frontalier séparant l'Algérie du Maroc. La marchandise a été acheminée à bord d'un Renault Master que les éléments des gardes- frontières (GGF) ont intercepté, nous précisera le lieutenant-colonel Kerroud, chargé de la communication au commandement de la Gendarmerie nationale (GN). A la vue des GGF, les narcotrafiquants ont abandonné le véhicule avant de prendre la poudre d'escampette en rebroussant chemin vers le Maroc. Sur place, les officiers supérieurs de la gendarmerie nous expliquent que les réseaux de narcotrafiquants voulaient saisir l'opportunité de la programmation d'une rencontre de football entre le MCA Alger et l'équipe locale de Tlemcen, croyant que la sécurisation de ce match allait alléger un tant soit peu le dispositif de surveillance mis en place aux abords du tracé frontalier. Mais c'était compter sans la vigilance des gardes-frontières qui sont, indique-t-on, habitués à ce genre de circonstances, à l'occasion desquelles il devient impératif de renforcer le dispositif au niveau des frontières. Cette énième saisie de plus de quatre tonnes de drogue atteste une fois de plus de l'ampleur exponentielle prise par ce type de trafic au niveau de l'extrême ouest algérien. Depuis le début de l'année, la quantité de kif saisie dans la wilaya de Tlemcen par les services de la Gendarmerie et les GGF dépasse la trentaine de tonnes. S'agissant de la quantité globale saisie à travers le pays par la même institution, elle avoisine la soixantaine de tonnes récupérées. Si l'on additionne la quantité saisie par les services des Douanes et ceux de la DGSN, la totalité des saisies de drogues enregistrées pour cette année dépasserait les 80 auparavant enregistrées dans le sillage de la lutte contre la drogue. La dégradation du climat sécuritaire dans les pays voisins, dont la Libye, la Tunisie et le Mali, est de nature à stimuler davantage les narcotrafiquants marocains qui multiplient les tentatives d'acheminement, expliquent nos sources. Des narcotrafiquants dont les intérêts se croisent notamment avec les réseaux de terrorisme opérant dans la région du Sahel et où la connexion entre les uns et les autres est désormais avérée, tient- on encore à préciser. Au niveau de la wilaya de Tlemcen, les gendarmes relevant du groupement de wilaya agissant de concert avec les GGF sont engagés dans une guerre sans merci contre les narcotrafiquants, qui parfois sont munis d'armes de destruction massive. Pour autant, la capitale des Zianides peine à se débarrasser du fléau du trafic de drogue qu'elle subit telle une malédiction, en raison de sa proximité avec le Maroc, pays connu comme étant le premier producteur de cannabis dans le monde. Cette substance prohibée aux effets destructeurs qui nous parvient du Makhzen n'empoisonne pas uniquement la localité de Tlemcen, car ce fléau s'est propagé à travers toute l'Algérie. Il va sans dire aussi que le vaste territoire dont dispose notre pays sert de transit pour l'acheminement de la drogue vers d'autres pays, notamment européens. Plus de 2900 narcotrafiquants arrêtés en huit mois De janvier à août 2012, les services de la gendarmerie ont traité quelque 1930 affaires de drogues à travers le pays, pour un nombre d'individus incriminés qui s'est élevé à 2970. Le colonel Kerroud explique cette prouesse réalisée par le commandement de la gendarmerie par le fait que la même institution a mis plus de moyens humains et matériels pour mieux cerner ce fléau. «Les moyens engagés sont de nature à mieux resserrer l'étau autour des réseaux de narcotrafiquants. Il s'agit en effet d'un dispositif homogène qui inclut toutes les sections de la Gendarmerie, sans oublier l'apport de l'Institut de criminologie et de criminalistique (INCC) qui contribue efficacement en termes d'analyse et de recoupement des informations», a-t-il expliqué. Pour mieux illustrer les efforts consentis en termes de lutte contre la drogue, le chargé de communication de la Gendarmerie rappellera qu'en 2007, la quantité de kif saisie n'avait pas atteint les 5 tonnes, alors que pour ces huit premiers mois de l'année en cours, la même quantité s'est multipliée par dix. Ahurissant ! La question qui reste posée est celle de savoir ce qu'il en est des quantités qui sont passées à travers les mailles des filets dressés par les services de sécurité toutes corporations confondues.