Les vieux démons contre la gendarmerie commencent à se réveiller en Kabylie. Une autre région de la wilaya vient de se lever comme un seul homme pour s'opposer formellement à la construction d'une école pour la gendarmerie nationale. Il s'agit de la commune de Tadmaït, 20 km à l'ouest de Tizi Ouzou. Une centaine de villageois de la région sont sortis hier matin dans la rue pour exprimer leur refus catégorique quant à la réalisation de cette nouvelle structure sécuritaire. Les manifestants se sont dirigés d'abord vers le siège de l'APC. Après un sit-in d'une heure environ, ils ont décidé d'aller empêcher les travaux de réalisation de cette école, dont le taux d'avancement, selon le P/APC de Tadmaït est d'environ 20%. Sur place, des échauffourées ont failli éclater, mais des sages sont intervenus pour calmer les esprits. Les protestataires comptent s'opposer à ce projet par tous les moyens, y compris par «la voie de la force s'il le faut», nous dira un habitant de Tadmaït. Jusqu'à hier après-midi, la situation était calme. Les protestataires sont demeurés pacifiques, mais la situation reste néanmoins tendue. Les services de sécurité ne sont pas intervenus pour éviter des affrontements, privilégiant la voie du dialogue. La raison principale de l'opposition des habitants à la construction d'une école de gendarmerie est motivée par le manque d'infrastructures publiques à Tadmaït. «Initialement, ce projet devait être suivi par deux autres, à savoir une gare routière et une salle omnisports. Mais ces deux projets ont été mis aux oubliettes. Seul celui de la brigade a été entamé, ce qui provoqué l'ire des citoyens», nous explique le premier magistrat de la municipalité de Tadmaït que nous avons contacté à ce sujet. Il est à rappeler que la semaine passée un mouvement de protestation similaire a eu lieu à Mizrana, au nord de Tizi Ouzou. La nouvelle brigade de la gendarmerie de cette localité, qui devait être mise en service le premier novembre prochain, a été détruite par les villageois. Ces derniers réclamaient des infrastructures de base à la place de cette structure sécuritaire. A Iflissen, toujours au nord de la wilaya, un important dispositif sécuritaire a été dépêché pour sécuriser la nouvelle brigade de gendarmerie et éviter le scénario de Mizrana. La police occupe la nouvelle structure jusqu'à sa mise en service. A Illiltène, en Haute-Kabylie, dans la daïra d'Iferhounène, les fondations d'une nouvelle brigade de gendarmerie ont été également rasées par les habitants de la région. Ils ont affiché leur opposition farouche à l'implantation d'une structure sécuritaire au niveau de leur commune.