L'éventuelle absence de témoins lors du procès d'aujourd'hui et l'incarcération de Boukhari suscitent les appréhensions des avocats de la défense, lesquels dénoncent “un déni de droit et une atteinte au droit de la défense". Le procès en appel de l'affaire Algérie-télécom se tiendra aujourd'hui, après avoir été reporté, récemment, en raison de l'absence d'un des accusés, Mohamed Boukhari, poursuivi pour trafic d'influence et blanchiment d'argent. Cette fois, le procès devrait se tenir en sa présence, du fait du mandat d'amener délivré contre lui, alors qu'il était hospitalisé pour subir deux interventions chirurgicales. Il est incarcéré depuis quelques jours à la prison de Serkadji à Alger. Il comparaîtra, ainsi, aujourd'hui devant le juge. Selon les avocats de la défense, “le procès d'aujourd'hui sera la confirmation de la peine de 18 ans de prison retenue contre les deux accusés", à savoir Mohamed Boukhari, ancien conseiller du P-DG d'Algérie-télécom et Chani Medjdoub, homme d'affaires algéro-luxembourgeois, poursuivi, lui aussi, dans la même affaire. Les avocats de la défense, qui ont tenu, hier, un point de presse, ont dénoncé “une procédure" qui dénie le droit aux justiciables. Selon Me Sidi-Saïd, avocat de Mohamed Boukhari, “mon client n'a même pas les forces pour rencontrer ses avocats". Il a souligné, dans le même registre que “cet après-midi, hier NDLR, Boukhari n'a pu rencontrer sa femme que durant quelques minutes du fait de son état de santé complètement amoindri". Pour le collectif d'avocats de la défense, “sans la présence d'un témoin-clé dans l'affaire", à savoir Fermine Dominique, employé de la banque Natixis à Luxembourg, “le droit de ces accusés sera bafoué et violé". Les avocats, Me Bourayou, Me Chelgham et Me Bellarif, avocats de Medjdoub Chani, estiment que “la présence des témoins est impérative", car, c'est sur la base de leurs déclarations à la commission rogatoire que les deux accusés ont été inculpés. Pour Me Bourayou, “il sera impossible de plaider cette affaire sans la présence des témoins". Par ailleurs, ces mêmes avocats s'interrogent sur “l'objectif de vouloir juger cette affaire dans la précipitation". L'éventuelle absence de témoins lors du procès d'aujourd'hui et l'incarcération de Boukhari, alors que sa santé “s'est détériorée et nécessite une longue hospitalisation", suscitent les appréhensions des avocats de la défense, lesquels dénoncent “un déni de droit et une atteinte au droit de la défense". “Cette décision est extrêmement grave" a ajouté Me Bourayou, qui a précisé que la défense a fait des demandes sur la base de droit d'interroger des témoins. PV d'audition de Fermine, une pièce à conviction Me Chelgham est allé jusqu'à traiter la Justice algérienne de “déloyale", même si ses autres confrères, évoquent “l'absence de moyens matériels pour assurer la défense de leurs clients dans un procès équitable". Pourtant, assurent-ils “le magistrat est obligé de reproduire tous les documents à discuter d'une manière contradictoire en audience". Parmi ces documents, le procès-verbal de l'audition de Fermine Dominique, par la Police judiciaire, le 10 octobre 2011 à Luxembourg, où il raconte ses différentes rencontres avec Boukhari et surtout l'ouverture de comptes structures (sociétés offshore) et un autre compte au nom de Boukhari. Dans le même procès-verbal d'audition, Fermine affirme “que Chani ne connaissait pas Boukhari", et que Chani Medjdoub “avait fait des recherches en Algérie et qu'il n'avait pas trouvé d'élément s'opposant à une entrée en relation professionnelle" avec Boukhari. Selon Me Bellarif, cette déclaration de Fermine “confirme que Chani ne connaissait pas Boukhari". L'avocat ajoute que Fermine “a confirmé aussi qu'il avait ouvert un compte personnel pour Boukhari", et c'est après qu'il y eut “ouverture de comptes aux noms de sociétés offshore". À rappeler que c'est sur déclaration de Fermine que Boukhari et Chani ont été inculpés dans le cadre de cette affaire et condamnés à 18 ans de prison assortis d'une amende de 5 millions de DA avec saisie de biens particuliers. Chani a été auparavant inculpé dans l'affaire de l'autoroute est-ouest, faut-il le rappeler. “Le juge Tayeb Hellali avait indiqué qu'il n'a pas besoin de la présence de Fermine", a déclaré Me Bellarif, qui a précisé que “le juge avait, pourtant, besoin de ce témoin pour condamner les accusés, mais il refuse sa convocation à l'audience", car, “sa présence est capitale pour la défense pour faire éclater la vérité". L'avocat a assuré que “si ce témoin vient à l'audience, il ne sortira pas libre. Il sera inculpé pour faux témoignages patents". M M