on, il ne faut quand même pas exagérer, il y a peut-être quelques petits problèmes mais on ne peut pas vraiment parler de bureaucratie en Algérie. Et puis, nos compatriotes de l'étranger sont tellement exigeants... Celui qui parle ainsi, c'est le responsable de la communication du secrétariat d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger, dépêché à Canal Algérie nous détromper sur l'état des lieux de l'administration publique et, dans la foulée, rectifier le regard que lui portent les Algériens, puisqu'il commence par leur dire qu'ils... exagèrent ! On aurait pu comprendre pourtant que si nos représentations à l'étranger, dans leurs rapports à la communauté, sont loin d'être un exemple d'efficacité et de convivialité, elles peuvent tout de même «légèrement mieux» que nos APC, nos daïras et nos wilayas. D'abord, parce que ce n'est pas une bien difficile comme «performance». Ensuite, parce que la proximité de l'administration des pays d'accueil, le niveau de qualification des agents qui y travaillent et le niveau... d'exigence de nos ressortissants auraient pu être autant de facteurs de qualité. Mais le fonctionnaire du secrétariat d'Etat nous a d'emblée «rassuré» sur l'impuissance de cette proximité à booster notre administration consulaire, y compris les opérations pratiques les plus élémentaires. A la question du journaliste qui l'interrogeait sur le fait que beaucoup de nos ressortissants se plaignaient qu'on exigeait d'eux de régler cash toutes leurs opérations auprès des consulats, il a commencé par dire que «c'est un détail insignifiant», comparé au trésor de facilités dont ils bénéficient, avant de donner précisément son explication : beaucoup de chèques reviennent impayés, d'où la décision (ferme) de n'accepter que de l'argent liquide ! Si les millions de chèques sans provision qui sont émis dans le monde chaque jour que Dieu fait par des clients indélicats étaient une raison suffisante pour renoncer à ce mode de paiement, ça se saurait. Et l'honorable chargé de la communication du secrétariat d'Etat chargé de la communauté algérienne à l'étranger a beau parler de l'administration consulaire, il ne s'est même pas cru obligé de faire valoir les arguments... d'ici, pourtant bien plus avancés, si on s'en tient au discours, bien évidemment. Pourtant, l'invité de Canal Algérie a bien crié haut et fort que nos consulats sont les seuls dans le monde à délivrer un passeport en une journée ! Il faudra le vérifier, tellement c'est trop beau, mais si tel est le cas, ce sera la preuve irréfutable que le seul pays au monde où on ne peut pas payer son timbre fiscal avec un chèque ou une carte crédit est celui-là même où on délivre le document de voyage dans la journée ! Le même où on doit prouver sa nationalité autrement que par sa carte (nationale) d'identité, le même où il vous faut l'extrait de naissance du père pour avoir votre permis de conduire, où on exige de vous un casier judiciaire, un document illégal, où vous n'êtes pas résident, si vous avez le malheur d'habiter l'hôtel, et où vous ne pouvez pas encaisser un chèque en dehors de l'agence où vous avez ouvert votre compte, où on vous demande votre «situation vis-à-vis du service national» à cinquante ans, où vous ne pouvez pas inscrire votre fille sous le prénom (autochtone !) de Dihia, où la femme ou l'homme de votre vie d'une autre confession doit se convertir pour que vous puissiez l'épouser sur votre sol... Oui, les Algériens exagèrent vraiment, on ne peut pas appeler ça une bureaucratie, puisque Monsieur le chargé de la communication n'a même pas pris la précaution de dire qu'il y a peut-être une-légère-différence entre «ici et là-bas». Mais il serait amené à expliquer pourquoi on n'accepte pas le chèque dans des pays où même le... chèque est en voie de disparition ! [email protected]