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MILITANT DE LA REVOLUTION, DEFENSEUR DES DROITS DE L'HOMME, FONDATEUR DE L'APS ET PIONNIER DE LA SANTE ALGERIENNE Pierre Chaulet : un grand patriote s'en va
“Il y a trois semaines, Pierre avait compris qu'il n'y avait plus d'espoir. Il était en France et voulait alors rentrer en Algérie, mais le médecin le lui a interdit. Il disait alors qu'il rentrerait mort ou vivant", nous a confié Mgr Henri Teissier. L'Algérie est orpheline, depuis hier, d'un de ses enfants, Pierre Chaulet, âgé de 82 ans. D'après Mgr Henri Teissier, ancien archevêque d'Alger, que nous avons joint par téléphone, le professeur Chaulet a rendu l'âme, hier, vers 5h du matin, à Montpellier (France), des suites d'un cancer de l'œsophage détecté il y a près de 4 mois. Notre interlocuteur a également précisé que la dépouille du militant anticolonialiste serait rapatriée le 8 octobre, à 15h30, de Marseille vers Alger. Le lendemain, soit le 9 octobre, la prière du mort sera présidée et célébrée par Mgr Teissier, conformément aux vœux du défunt. Cette célébration aura lieu à la maison Diocésaine, au Val d'Hydra (Alger), en présence de l'épouse du défunt, Claudine Chaulet, des autres membres de la famille et de ses amis. Le Pr Chaulet sera ensuite enterré au cimetière chrétien d'El-Mouradia, comme il l'avait demandé. Très affecté par le décès de son ami, Mgr Teissier a rappelé avoir connu Pierre Chaulet, en 1951, chez le Père Jean Scotto, ancien pied-noir “solidaire de l'Algérie". “Pierre était dans sa fidélité à l'Algérie depuis 1951", a-t-il indiqué, tout en insistant sur le maintien de la “trajectoire de fidélité" chez le défunt. Notre compatriote a, en outre, exprimé son admiration pour “le courage" du Pr Chaulet, un des partisans de la lutte contre la tuberculose, dans notre pays, signalant que son ami avait présenté le livre qu'il avait co-écrit avec sa femme Claudine, professeur de sociologie à l'université d'Alger, alors qu'il subissait un traitement en chimiothérapie. “Il y a trois semaines, Pierre avait compris qu'il n'y avait plus d'espoir. Il était en France et voulait alors rentrer en Algérie, mais le médecin le lui a interdit. Il disait alors qu'il rentrerait mort ou vivant", nous a confié Mgr Henri Teissier. $Par ailleurs, ce dernier a révélé que Claudine Chaulet, “très fatiguée en ce moment", est soutenue par ses trois enfants et petits-enfants. “Elle rentrera lundi avec Pierre", a-t-il poursuivi, une façon de dire que Mme Chaulet accompagnera la dépouille de son époux, dans l'avion qui les ramènera en Algérie. Pierre Chaulet est né le 27 mars 1930, à Alger, dans une famille issue du peuplement colonial français, mais engagée dans des organisations du courant “catholique social" (syndicats ouvriers, scouts...). Pendant la guerre de Libération nationale, il est expulsé en France, mais il réussit, avec sa femme, qui avait aussi épousé la cause algérienne, à rejoindre le FLN en Tunisie où il poursuivit ses activités comme médecin et journaliste au journal du FLN, El Moudjahid. Le Pr Chaulet est également un des membres fondateurs de l'Agence de presse algérienne (APS), créée à Tunis en 1961. En 1963, il acquiert la nationalité algérienne. Professeur en médecine et expert de la tuberculose auprès de l'OMS depuis 1981, le défunt a été élu à la première Assemblée populaire communale de la ville d'Alger, puis vice-président de l'Observatoire national des droits de l'Homme et, enfin, chargé de mission pour la santé auprès du Chef du gouvernement et membre du Conseil national économique et social (Cnes). Au début de l'année 2012, Pierre Chaulet et sa femme Claudine ont publié un livre intitulé Le choix de l'Algérie : deux voix, une mémoire (éditions Barzakh, février 2012), une sorte de mémoires, dans lequel ils apportent leurs témoignages respectifs sur leur vie, leur engagement et leurs actions. Un ouvrage dans lequel ils affirment aussi leur confiance dans la capacité du peuple algérien à tracer sa propre voie, dans le respect des valeurs ayant fondé sa révolution. Dans la préface de ce livre, Rédha Malek, l'ancien négociateur des Accords d'Evian et ex-Premier ministre (1993-94), considère le couple Chaulet comme un symbole de la guerre de Libération nationale. Donc, un couple dont “l'algérianité" n'est point à prouver. Liberté publie aujourd'hui une interview du Pr Chaulet (lire page ci-contre), la dernière qu'il avait accordée à un média, dans laquelle il parle, certes, du livre, mais surtout de sa fidélité à l'Algérie et de ses rêves dont une partie reste à réaliser. H A