Les pays du Sahel renforcent leur concertation dans le dossier du nord du Mali. C'est pour favoriser davantage de concertation que le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, s'est rendu, hier, à Nouakchott dans le cadre d'une tournée régionale qui le mènera successivement en Mauritanie, au Mali et au Niger, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Le ministre délégué, qui sera accompagné d'une délégation composée notamment de hauts responsables du ministère de la Défense nationale, abordera, évidemment, le dossier du nord du Mali avec tous ses développements, dont l'éventualité exprimée par d'autres parties, d'une intervention militaire étrangère dans cette partie du pays. Cette tournée s'inscrit dans le cadre des «consultations régulières entre les pays du Champ sur la situation au Sahel, particulièrement la crise au Mali et les perspectives de son règlement dans le respect de l'intégrité territoriale du pays et des intérêts supérieurs du peuple frère malien et des peuples de la région». Comprendre par là le règlement de la crise par une solution pacifique et diplomatique et éviter une intervention militaire étrangère qui, selon ses adversaires, ne servirait pas les intérêts des peuples et de la région. Ces consultations «seront mises à profit» pour «renforcer la coopération entre les pays du Champ, à travers les mécanismes existants (comité politique, comité d'état-major conjoint, Cémoc, Unité de fusion et de liaison UFL) dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational». Autrement dit, régler le problème en recourant aux mécanismes mis en place par les pays du Sahel. Face aux appels à une intervention militaire étrangère au nord du Mali, les pays de l'Union africaine (UA) et du Maghreb arabe s'étaient exprimés pour une solution pacifique et diplomatique. Cette position commune UMA-pays du Maghreb a été rappelée par Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, lors de la conférence de presse animée, conjointement avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, à Alger, il y a quelques mois. L'Algérie opte, rappelle-t-on, pour le renseignement, travail assuré par l'UFL (services de renseignements des pays du Sahel), et les aides humanitaires pour atténuer au maximum les souffrances des populations et isoler les organisations terroristes qui exploitent la détresse populaire pour «recruter» et endoctriner. Une intervention militaire étrangère ne pourrait que faire le jeu d' Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l' Ouest (Mujao), occupant des villes du nord du Mali, qui appelleraient à la lutte contre «l'occupation», et aggraver une situation rendue déjà très délicate à cause des armes libyennes tombées en grandes quantités entre les mains des deux organisations terroristes.