Que reste-t-il au Comité olympique algérien, lui qui était qualifié «d'élève modèle» avant 2009 par le CIO pour devenir en 2012 un «élève turbulent» qui impose au même CIO d'intervenir pour lui faire la leçon ? L'histoire retiendra que cette instance a vécu l'une de ses plus graves crises en 2012, obligeant l'institution internationale à faire étalage de ses recommandations qui s'assimilent à une feuille de route. Le CIO et l'ACNOA reviennent à la charge au travers d'une missive dans laquelle ils font part de leur regret de voir le COA prendre le chemin d'une dérive certaine. Une intervention qui demande à être bien étudiée. Dans la lettre qu'ils ont signée, le directeur des relations avec les CNO au CIO, M. Pere Miro et le Président de l'ACNOA, l'Intendant-général Lassana Palenfo, indiquent que le CIO et l'ACNOA ne cherchent pas à s'immiscer dans les affaires internes du COA et qu'il faut respecter les textes qui régissent l'instance algérienne à savoir la Charte olympique, ses statuts et son règlement intérieur. Ils ne se gênent pas pourtant pour imposer une certaine conduite à tenir qui semble être assimilée à une immixtion de leur part. C'est ainsi qu'ils demandent à ce que le Comité exécutif du COA se réunisse pour débattre des bilans de ce dernier avant la tenue d'une AG ordinaire. Ils ne disent aucun mot sur la motion que prétendent avoir signée plus des 2/3 des membres de cette AG contre Rachid Hanifi, le président du COA. Selon les statuts du COA rien n'empêche la tenue, en urgence, d'une AG extraordinaire si elle est demandée par les 2/3 des membres de l'AG. Or le responsable du CIO et celui de l'ACNOA entendent, peut-être, ménager Hanifi et demandent à ce que le Comité exécutif se réunisse d'abord avant la tenue d'une AG ordinaire et non extraordinaire. Rappelons que le CIO avait eu une attitude bizarre, pour ne pas dire partisane, en 2009, année où il avait donné son accord par écrit pour que l'AG élective du COA puisse se tenir, une AG qui avait permis à M. Mohamed Belhadj d'accéder à la présidence de ce dernier avant de surseoir à sa tenue par une lettre faxée aux environs de minuit dans la nuit précédent l'élection en question. Quelque part c'est le CIO qui avait ouvert la voie à la direction actuelle du COA dont on voit vers quelle issue elle l'a mené. Une voie sans issue ? Toujours est-il que par leur dernière lettre, Pere Miro et Lassana Palenfo offrent un sursis à Rachid Hanifi, le président du COA. Il ne va pas convoquer une AG extraordinaire comme il l'avait dit le 29 septembre dernier en levant la séance de l'AG supposée ordinaire mais une réunion du comité exécutif. Celui-ci répondra-t-il à son invitation ? C'est loin d'être sûr. Certains de ses membres nous ont affirmé qu'ils ne siègeraient plus en sa présence quelles que soient les circonstances. Les initiateurs du CIO et de l'ACNOA risquent bien de voir leur intervention aboutir à une voie sans issue. Dans la lettre d'accompagnement qu'il a envoyée à chaque membre de l'AG du COA, le président de cette instance, le professeur Rachid Hanifi, parle de la démarche de ses opposants le 29 septembre dernier et la qualifie de «non respectueuse des statuts de l'instance olympique en imposant à ces derniers le diktat du nombre.» Or qu'est la démocratie sinon la prééminence de la majorité tout en respectant, bien entendu, la minorité qui doit, de son côté, savoir se retirer ? Quand on a un maximum de personnes contre soi, il faut savoir partir. On ne peut constamment rester à son poste, contre vent et marées, sinon cela serait assimilé à de la dictature. Le diktat du nombre auquel fait référence le président du COA n'est autre que le témoignage de la majorité. Du reste, il avait enfreint les textes régissant l'instance olympique en donnant, d'entrée de jeu, la parole à deux personnes (le Dr Sid Ali Lebib et Si Mohamed Baghdadi) qui lui étaient favorables. Il avait poursuivi en comptant le nombre de voix lors du vote portant sur l'acceptation de l'ordre du jour de l'AG. Ce nombre lui avait été défavorable mais il aurait dû être encore plus important. En effet lors d'un vote à main levée, le règlement intérieur du COA impose aux organisateurs de l'AG de donner des bulletins de couleurs différentes aux fédérations régissant des sports olympiques, qui disposent de 4 voix chacune, et aux autres fédérations sportives et membres de l'AG qui disposent d'une voix chacun. Si cette disposition avait été respectée le 29 septembre dernier la motion anti-Hanifi aurait eu l'approbation d'une écrasante majorité. C'est bien ça la démocratie, quand la prééminence est donnée au camp qui mobilise le plus de suffrages. Il n'en reste pas moins que le professeur Rachid Hanifi est toujours le président du COA mais pour combien de temps encore ? Rarement depuis la création du COA, un président de cette instance ne s'est retrouvé aussi isolé. Si le Comité exécutif venait à se réunir, il aurait tous les membres contre lui. D'autre part il ne pourra pas présenter un bilan de façon collégiale puisque les signataires de la lettre du CIO et de l'ACNOA précisent que la responsabilité de ces bilans peut être individuelle. Et comme pour montrer qu'ils ont hâte que cette histoire prenne fin, ils indiquent que l'AG extraordinaire peut se tenir le même jour que l'AG ordinaire, juste après celle-ci.