Les travailleurs de l'Etablissement public de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) ont entamé hier la deuxième journée de leur «mouvement de protestation» qui a sérieusement perturbé le transport dans la capitale. Ce sont plus de 1700 travailleurs qui ont répondu à l'appel de mobilisation en se rassemblant devant le siège de la Centrale syndicale de l'UGTA. Conducteurs de tramway, chauffeur de bus, agent de maintenance, mécanicien, tous s'étaient donné rendez-vous afin de revendiquer l'application dans son intégralité de la convention collective de 1997, dénoncer le népotisme et la mauvaise gestion qui règne au sein de cette entreprise publique. M. Mohamed Kharoubi, un représentant des travailleurs, réfute les accusations du DG et souligne qu'il n'est pas du tout malade. Il explique qu'avec de tels arguments, la direction tente de décrédibiliser le mouvement. Par ailleurs, ce dernier nous a indiqué que le rassemblement avait drainé plus de 51% du personnel de l'Etusa. Une victoire pour celui-ci qui nous a indiqué que ce mouvement ne s'apparentait en rien à une grève organisée mais qu'il s'agissait d'une révolte menée contre la hogra, les abus de pouvoir, le clanisme. «Comme ce n'est pas une grève, mais un mouvement social, sur le plan juridique réglementaire, personne ne peut nous accuser.» En outre, parmi leurs revendications, les travailleurs demandent la démission du DG, Yacine Krim, ainsi que celle du secrétaire général du syndicat d'entreprise, Abid Bouteba, accusé d'être «de connivence avec la direction» et de ne jamais avoir pris en considérations les doléances socioprofessionnelles des travailleurs. «Nous sommes des travailleurs affiliés à l'UGTA mais au niveau de notre entreprise, la représentativité syndicale n'est pas crédible. Elle n'a jamais tenu compte de nos revendications, ni défendu nos droits et encore moins d'avoir servi d'intermédiaire avec la direction, bien au contraire», nous a-t-il dit. Concernant les actions à venir, ce responsable nous a indiqué que la protestation se poursuivra jusqu'à ce qu'ils obtiennent gain de cause mais que les rassemblements se tiendront uniquement au niveau du siège de l'UGTA pour ne pas être hors-la-loi. Mauvaise gestion de l'entreprise Djamel Aït Mejane, membre du conseil syndical de l'entreprise, licencié depuis 6 mois pour troubles sur les lieux de travail pour avoir demandé l'application de la convention collective, et désigné par la suite l'un des porte-parole du mouvement, dénonce la mauvaise gestion de l'Etusa. Il nous a indiqué détenir des preuves irréfutables quant à la défaillance dans la gestion de l'entreprise. «Il y a des abus, du favoritisme au sein de cette entreprise. Des dépenses exorbitantes pour des missions, des réceptions, l'achat de petits véhicules pour les cadres… Nous avons environ onze dossiers compromettants que nous remettrons à qui de droit», nous a-t-il dit, ajoutant que «la direction manie la carotte et le bâton et a instauré un climat de terreur afin d'humilier les travailleurs». En outre, il nous a rappelé qu'ils sont trois représentants des travailleurs en contact avec la Fédération nationale des travailleurs des transports (FNTT), elle-même chargée de négocier avec la tutelle. Suite à ces pourparlers avec la FNTT, une plateforme de revendications a été établie. «Le 7 octobre, nous avions assiégé la direction générale, et la tutelle a délégué des représentants du ministère dont le directeur de wilaya et le SG du conseil d'administration pour discuter des points de notre plateforme. Nous attendions une seconde audience mais nous n'avons pas été contactés. Le SG de l'UGTA, M. Abdelmadjid Sidi Saïd, pour lequel une copie du compte rendu de la réunion a été remise, nous avait assuré de son soutien et a dépêché un conseiller pour assister avec nous, les porte-parole du mouvement, aux négociations avec la tutelle. Cependant, à ce jour, nous n'avons toujours pas eu de contact avec le ministère». Par ailleurs, les protestataires avaient fait appel à un huissier de justice pour certifier de la présence sur les lieux des 1 700 travailleurs. Il nous a été indiqué qu'aucun bus ne circulait et aucun service minimum n'a été assuré. En outre, il nous a déclaré qu'aujourd'hui, le mouvement serait reconduit et que la porte des négociations n'était pas fermée. Enfin Mme Djafri, chargée de communication à l'Etusa, nous a indiqué que la direction n'a pu répondre à nos sollicitations faute de temps.